Cannes 2018 : WHITNEY / Critique

17-05-2018 - 13:26 - Par

Cannes 2018 : WHITNEY

De Kevin Macdonald. Sélection officielle, Séances de minuit.

 

Synopsis : Dans l’histoire de l’industrie musicale, Whitney Houston a brisé plus de records que n’importe quelle autre chanteuse. Avec plus de 200 millions d’albums vendus dans le monde, elle a été la seule artiste à classer sept singles consécutifs à la première place des hits-parades. Elle a aussi été la star de plusieurs blockbusters au cinéma avant que cette brillante carrière ne laisse place à un comportement erratique, aux scandales et à sa mort à l’âge de 48 ans. Le documentaire WHITNEY est un portrait intime de la chanteuse et de sa famille, qui va au-delà des unes de journaux à scandales et qui porte un regard nouveau sur son destin. Utilisant des archives inédites, des démos exclusives, des performances rares et des interviews originales avec ceux qui la connaissaient le mieux, le réalisateur Kevin Macdonald se penche le mystère qui se cachait derrière ‘La Voix’ qui a enchanté des millions de personnes alors qu’elle-même ne parvenait pas à faire la paix avec son passé.

 

S’il met en scène des fictions avec plus ou moins de réussite (L’AIGLE DE LA NEUVIÈME LÉGION, BLACK SEA), Kevin Macdonald réalise surtout des documentaires trépidants, qu’il s’attaque à des sujets sportifs (des alpinistes de l’extrême dans LA MORT SUSPENDUE), historiques (les attentats de Munich dans UN JOUR EN SEPTEMBRE) ou biographiques. Et il n’a pas son pareil pour relier la musique à quelque chose de plus politique. Bob Marley, dont il brossait le portrait dans MARLEY, en est l’exemple le plus flagrant puisque le chanteur jamaïcain était profondément engagé via ses chansons résistantes et le mouvement rastafari. Mais même lorsqu’il décrypte Whitney Houston, chanteuse bubble-gum par excellence, il parvient à la replacer sur la carte politique et historique américaine. On se souvient d’une grande dame aux tubes colorés (dans les années 80) puis aux reprises ravageuses (dans les années 90) et enfin aux live pathétiques (dans les années 2000), mais WHITNEY nous propose de revenir sur les raisons d’un succès et les causes d’une déchéance mortelle. Et finalement, comme pour toute favorite des tabloïds, la vérité n’est pas dans les gros titres et les accusations hâtives, mais dans les secrets de famille et les journaux intimes. Alors que beaucoup de documentaires musicaux se contentent, parfois avec talent, de la synthèse, du medley et du témoignage sentimental (voir AMY de Asif Kapadia, film très émouvant sur Amy Winehouse), WHITNEY joue la carte du biopic certes, mais finit par lorgner vers le documentaire d’investigation. Comment Whitney Houston, ce joli brin de fille, chanteuse de la chorale de la paroisse, fille de choriste et cousine de Dionne Warwick, est devenue une star ? Le film répond sans grande surprise par le montage d’images d’archives et les passages obligés de toute success story. Mais lorsque WHITNEY s’interroge sur la manière dont cette star mondiale a pu mourir de ses excès narcotiques, il devient littéralement glaçant. Avec son agencement habile d’images rares et d’images iconiques, Kevin Macdonald satisfait notre curiosité comme nos appétits de fan et ressuscite la Whitney Houston qu’on a fini par un peu oublier : l’ultra-star MTV et la figure d’un idéal post-racial. Sans compromis quand il parle de la mère ou de la star, WHITNEY, document d’exception et documentaire méticuleux, est beaucoup plus bienveillant quand il parle de la petite fille, de la femme et même de l’épouse. Sans l’excuser, il lui offre une sorte de rédemption. Même notre rapport conflictuel avec l’aura toute défraîchie de cette diva semble s’apaiser.

De Kevin Macdonald. États-Unis/Angleterre. 2h. Sortie le 26 septembre

 

 

 

 

 

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.