MORTAL ENGINES : chronique

11-12-2018 - 10:52 - Par

MORTAL ENGINES : chronique

Produit et écrit par le trio gagnant du SEIGNEUR DES ANNEAUX (Peter Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens) et réalisé par un crack des VFX (Christian Rivers), MORTAL ENGINES ne pouvait qu’intriguer. Il n’est malheureusement pas à la hauteur de l’aura de ses initiateurs.

 

Dans un lointain futur post-apocalyptique, les grandes cités se sont transformées en monstrueuses machines mobiles, errant sur les terres « en quête de nourriture et de carburant ». Lorsque Londres met la main sur une bourgade bavaroise, Hester Shaw (Hera Hilmar) y voit l’opportunité de se venger de Thaddeus Valentine (Hugo Weaving), un des dirigeants de l’ex-capitale anglaise, qu’elle accuse du meurtre de sa mère…

Avec une voix off introductive mettant l’accent sur la nature « prédatrice » des « grandes cités de l’Ouest » ou sur la manière dont, dans la recherche de ressources, « les faibles périrent et les puissants devinrent encore plus puissants », MORTAL ENGINES promet dès ses premiers instants un univers dans la droite lignée de MAD MAX, portant un regard déformant sur notre monde. Impossible de ne pas penser à des idées de colonisation, d’appropriation des ressources ou de dissolution des cultures, dans les images de l’imposante Londres harponnant une minuscule ville-machine. Malheureusement, les pistes économiques, politiques, historiques et écologiques ne sont au final qu’un vague contexte. Rapidement rappelées dans des dialogues didactiques (« Notre mode de vie n’est pas durable ») durant le premier acte, elles sont rapidement mises de côté au profit d’enjeux humains lambda. Lambda parce que MORTAL ENGINES ne parvient jamais vraiment à insuffler de la vie à ses personnages. Ainsi, la première séquence de poursuite entre Londres et la cité bavaroise, pourtant longue au point d’en devenir par moments interminable, ne prend jamais la peine de caractériser son héroïne dans l’action.

Est-ce dû à une direction d’acteurs et à des prestations impersonnelles ? À une écriture limitant les personnages à de simples fonctions ? Est-ce l’incapacité du script à proposer romanesque et sentiments au-delà de son intrigue ? Peut-être un peu tout ça a la fois. Quoi qu’il en soit, MORTAL ENGINES apparaît désincarné – étrangement, le personnage le plus touchant n’est autre qu’un cyborg créé en CGI via performance capture, dont la trame n’est malheureusement qu’effleurée. MORTAL ENGINES aurait pu éventuellement compenser par le spectacle. Mais là aussi, il peine : techniquement irréprochable, il manque souvent cruellement de mise en scène – les effets tournoyants de la caméra lors de scènes « numériques » ne compensent pas une réalisation fonctionnelle à l’extrême le reste du temps. Autant de maladresses qui, en dépit d’un univers intrigant et du propos sous-jacent qui l’accompagne, privent MORTAL ENGINES de décoller.

De Christian Rivers. Avec Hera Hilmar, Hugo Weaving, Robert Sheehan. États-Unis. 2h08. Sortie le 12 décembre

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