POKÉMON – DÉTECTIVE PIKACHU : chronique

07-05-2019 - 18:58 - Par

POKÉMON - DÉTECTIVE PIKACHU : chronique

DÉTECTIVE PIKACHU ne manque ni de qualités ni de charme mais souffre d’une réalisation banale et brouillonne.

 

Poids lourd de la pop culture depuis plus de vingt ans, née sous forme de jeux vidéo puis déclinée en série animée, mangas et multiples produits dérivés, la licence Pokémon est adaptée aujourd’hui en blockbuster à prises de vues réelles. Ne reprenant pas le principe premier de la saga vidéoludique – des combats de Pokémons capturés et entraînés par des humains –, DÉTECTIVE PIKACHU préfère adapter un autre jeu éponyme, dans lequel un jeune garçon, Tim (ici campé par le très attachant Justice Smith), fait équipe avec un Pikachu (incarné vocalement avec une certaine jubilation par Ryan Reynolds) pour enquêter sur la mort de son père. Le tout dans la cité de Rhyme City, où humains et Pokémons vivent égaux et en harmonie (« Pas d’entraîneurs. Pas de combats. Pas de Pokéballs. »). Un bon point : ce contexte offre à DÉTECTIVE PIKACHU un arrière-plan, peu développé mais bien présent, sur la souffrance et l’exploitation animale. Fort d’une écriture qui parvient en quelques minutes à rendre cet univers ultra-codifié compréhensible et accessible à tous, DÉTECTIVE PIKACHU construit habilement ses enjeux émotionnels, simples, classiques mais convaincants, et aligne quelques gags très efficaces (la scène hilarante de Mr Mime). Le tout dans une atmosphère néo-noir certes vite abandonnée mais dont l’usage dans le premier acte s’avère très séduisante. À ce titre, l’esthétique fera office de porte d’entrée évidente d’un public adulte et profane. DÉTECTIVE PIKACHU a été filmé en pellicule et ça se voit : la photographie de John Mathieson (GLADIATOR, MARIE REINE D’ÉCOSSE), entre couleurs saturées, contraste et grain, rend l’univers extrêmement charnel, d’autant que les effets visuels des Pokémons, remarquables de photoréalisme, sont parfaitement intégrés à l’image. Ce soin visuel – jusqu’à un set dressing assez bluffant de Londres en Rhyme City, confortant ce caractère organique – n’est pas récompensé par la réalisation de Rob Letterman (GANG DE REQUINS, CHAIR DE POULE), dont le découpage manque de précision – les scènes de dialogue sont trop banales quand les scènes d’action se font, elles, très peu lisibles. Si bien que lorsque DÉTECTIVE PIKACHU, dans sa deuxième heure, privilégie malheureusement le gros spectacle lambda, Letterman peine à générer la moindre imagerie iconique ou marquante (un comble avec un univers aussi pop), minant peu à peu l’intérêt du spectateur. Surtout que la touchante relation entre Tim et Pikachu se voit elle aussi sacrifiée dans un final certes compréhensible, mais maladroit dans sa manière de détricoter ce que le récit avait construit. 

De Rob Letterman. Avec Justice Smith et la voix de Ryan Reynolds. États-Unis. 1h50. Sortie le 8 mai

2Etoiles

 

 

 

 

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