MEN IN BLACK INTERNATIONAL : chronique

12-06-2019 - 09:03 - Par

MEN IN BLACK INTERNATIONAL : chronique

Retour des hommes – et des femmes – en noir pour un quatrième volet en pilote automatique.

 

Quand on a grandi dans les années 1990, on ne peut pas ne pas aimer MEN IN BLACK. Apogée du cool ‘Will Smith-ien’ (débuté quelques années plus tôt avec le PRINCE DE BEL AIR à la télé et la saga BAD BOYS au cinéma) l’épopée intergalactico-lol de Barry Sonnenfeld est l’un des grands blockbusters de la fin des 90’s. Un divertissement pour adultes auquel on amenait quand même les enfants, peuplé de créatures bizarres, de gags absurdes et de scènes d’actions corsées. Drôle et malin quand on est grands, inoubliable quand n’a pas encore vraiment l’âge de voir ça. La saga a tenu le choc d’un deuxième volet, sympathique, et même d’un troisième plutôt malin à l’orée des années 2010. Mais fallait-il faire revenir la saga aujourd’hui sans Will Smith ?

Non et oui. Pas un remake ni vraiment un reboot, ce MEN IN BLACK INTERNATIONAL est donc une déclinaison de la saga originelle, une échappée londonienne à l’intérieur des services secrets intergalactiques. Mais tout commence à Paris avec une réplique clin d’œil au TAKEN de Liam Neeson prononcé non pas par l’acteur lui-même mais par son acolyte Chris Hemsworth. Vous suivez ? Non, c’est bien le problème. À défaut de pouvoir compter sur l’abattage et le cool de Will Smith, ce nouvel opus cherche ses marques, multiplie les effets méta-cool et rate un peu sa cible en cherchant à tout prix une modernité qu’il n’assume pas vraiment. Fini donc le duo jeune fou / vieux con (typique de l’état d’esprit des 90’s), bienvenue donc la guerre des sexes entre un playboy grossier (mais sympa quand même) et une jeune fille coincée (mais sympa quand même) caractéristique des années 2010.

Soit donc l’agent M, gentille geek bornée et nouvelle recrue américaine (Tessa Thompson dans un rôle bien trop faible) envoyée à Londres dans les pattes du trop sûr de lui Agent H, véritable homme objet du MIB (Chris Hemsworth, plus toyboy ironique que jamais). Pour solidifier le duo, une vague histoire de complot intergalactique et de jumeaux extraterrestres tueurs qui vont entraîner le duo à travers le monde. Si vous avez déjà vu un film de votre vie, vous devriez vite comprendre où ça va, comment ça y va et surtout qui tire les ficelles de tout ça. La faute à un scénario vraiment poussif, à la fois bizarrement brouillon et sur-explicatif, qui aligne les séquences comme les escales d’un tour operator pénible.  Mais, hormis la Tour Eiffel et une chouette scène dans le désert, aucun décor n’est vraiment singulier ni exploité à la hauteur du « International » annoncé. Tout ça manque de swing, d’idées, de surprises. On frôle même le nanar à l’apparition de Rebecca Ferguson dans une improbable scène qui mélange baston illisible et soap opera.

Reste que Tessa Thompson et Chris Hemsworth, malgré les limites stéréotypées de leurs personnages, assurent le spectacle. Charismatiques et attachants, ils jouent tout ça avec un soupçon d’ironie, une petite dose d’over the top qui fait passer plus facilement la pilule de répliques pas toujours finaudes. Si Pawny, la petite créature rigolote incluse dans le cahier des charges fait gentiment le job (en V.O Kumail Nanjiani, en roue libre limite pénible, en VF Ahmed Sylla), celle qui vole très haut, tout là haut, au sommet du cool, c’est évidemment Emma Thompson, génialement drôle et élégante en patronne du MIB. Malheureusement, sa présence à l’écran est très brève. Une aberration, surtout pour nous infliger à la place un Liam Neeson qui, lui, ne fait même plus semblant de ne pas s’ennuyer dans ses films.

Difficile donc de vraiment détester ni de s’enthousiasmer pour un volume 4 en pilote automatique, pas désagréable mais guère palpitant. On en sort avec l’étrange impression d’avoir vu un film qui s’est dissous de lui-même. Comme un coup de neurolyseur. Aussi vite vu, aussi vite oublié.

De F. Gary Gray. Avec Tessa Thompson, Chris Hemsworth, Emma Thompson. États-Unis. 1h55. Sortie le 12 juin

2Etoiles

 

 

 

 

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