Iron Man 2 : Chronique

27-04-2010 - 12:32 - Par

BANDEAUIRONMANCHRONIQUE

La suite du gros blockbuster Marvel a un véritable atout : ses limites. Explications.

Six mois à peine après avoir révélé au monde qu’il était Iron Man, Tony Stark est devenu un affreux pipole narcissique. Pepper Potts sa fidèle assistante, James Rhodey son copain de l’armée et même son chauffeur peinent à suivre son quotidien démesuré et autocentré. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que Tony Stark meurt à petit feu : le matériau qu’il a utilisé pour fabriquer son cœur artificiel est autant une source d’énergie qu’un poison mortel. Un véritable problème alors qu’Ivan Vanko, rejeton d’un industriel russe ancien collaborateur du père de Tony, cherche à se venger du fils prodigue.


PICIRONMAN2On se doutait bien que ce qui était la recette du premier IRON MAN (action décomplexée, doses de cheval de cool et bagoût ingérable de Robert Downey Jr) serait décuplée pour sa suite. C’est généralement l’idée saugrenue qui traverse les esprits des producteurs quand un film fait 585 millions de dollars de recette. Autant vous dire qu’on n’a pas trouvé que c’était l’idée de l’année. Trop de cool tue le cool, qui l’aurait cru ? Pendant une bonne demi-heure, IRON MAN 2 fatigue à coups de joutes verbales inaudibles entre un Downey Jr en roue libre et une Gwyneth Paltrow plus chieuse que jamais. AC/DC à fond, gonzesses à gros seins dehors, costumes trois pièces bien taillés dans tous les coins et vannes fatales qui fusent : même si cette ambiance show-off est justifiée par le portrait de notre héros en plein pétage de plombs, on a envie, nous, de péter l’écran et de couper le son. Parce que l’immersion dans l’état d’esprit de Tony Stark ne justifiera pas, en revanche, la débauche de vitres qui pètent à chaque baston, les destructions intempestives de tout et n’importe quoi, et des clins d’œil comiques superflus qui desservent tout le sérieux du sujet : IRON MAN. Pas IRON MAN SE FAIT L’AMÉRIQUE. Pas IRON PIE. Pas IRON MAN POLICE DU MONDE. IRON MAN. Affublé d’un sidekick malgré lui, War Machine, et d’une secrétaire au levé de jambe magique (Natasha a.k.a Scarlett Johansson – époustouflante), Tony Stark a pourtant du mal à libérer sa rage, la joue plutôt laid back : nous, on voulait du bad-ass, on aura pour trop de scènes, du cool distancié. C’est là qu’on peut légitimement se poser la question de la future immersion d’Iron Man dans THE AVENGERS, qu’on fantasme comme un gros film d’action pétaradant et pas une comédie régressive et chorale. À quoi bon distiller sur deux heures tant d’indices sur le futur regroupement des vengeurs dans IRON MAN 2 si ce même super-héros est voué à en être indéniablement le maillon faible ?

PICIRONMANDOWNEYEt pourtant. En développant avec un peu trop d’application la face « branleur » de notre super-héros du cool, un message sous-jacent se dégage de lui-même. D’abord Tony Stark fatigue tout le monde, même les agents du Shield chargés de le recruter. Ne souffrant pas l’intransigeance de celui qui le juge, il est clairement voué, à la fin d’IRON MAN 2, à revoir sa démesure à la baisse. Le scénario explique clairement qu’Iron Man n’a pas d’autres choix que de se faire épauler. Tony Stark y découvre ses limites, tous ses collaborateurs les découvrent également, le spectateur aussi.
Mais on discerne également les limites-mêmes de la saga : son dénouement fait de scènes d’action orgiaques voire écoeurantes, ses dialogues potaches servis jusqu’à la lie, ça n’a pas d’issue, autre que celle de nous diriger naturellement vers THE AVENGERS, comme si une telle mégalomanie (on parle autant du personnage que du film) débouchait sur une impasse. Tout dans IRON MAN 2 nécessite l’arrivée immédiate des VENGEURS pour rendre du sens à ce super-héros pourtant si fascinant. Et là encore, on parle autant du métrage que de Tony Stark.

PICIRONMANROURKEOn ne s’étonne donc pas forcément des récentes réticences de Jon Favreau, réalisateur, à s’engager sur IRON MAN 3 : « J’ai le sentiment que je passe le relais et maintenant que tous ces films sont faits, il est temps de s’asseoir et de voir si j’ai encore quelque chose à amener à cette franchise… Mais c’est encore loin » déclarait-il hier au site ComingSoon. Par le prisme du hiatus entre ce qu’est devenu Iron Man et ce qu’il doit devenir, IRON MAN 2 est alors une pièce nécessaire du grand puzzle Marvel, un film malin.

Intrinsèquement, à part des images fortes et un certain féminisme porté par une Scarlett Johansson qui hante le film d’une présence discrète mais irradiante, ce n’est pas le blockbuster solide et hyper-psychologique qu’on attendait. En revanche, c’est indéniablement un film spectaculaire. Voilà. Spectaculaire.

Iron Man 2, de Jon Favreau, USA. Avec Robert Downey Jr, Scarlett Johansson. 2h08. Sortie le 28 avril

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