THE TRIP : chronique

Il est des collaborations du 7ème art qui durent et d’autres qui s’épuisent. Celle entre Steve Coogan et Michael Witterbottom approche de la date de péremption.

Convié à rédiger une chronique sur les restaurants du Nord de L’Angleterre, Steve Coogan prend son ami et comédien Rod Brydon dans ses bagages, afin de combler le vide laissé par sa petite amie barrée ailleurs. Mais Steve Coogan n’apprécie qu’avec parcimonie la présence de son compagnon de route. Alors pour tromper son ennui, Steve Coogan cocufie sa copine avec tout ce qui passe : une hôtelière, une serveuse une photographe déjà honorée… entre deux dégustations de mets gourmands et des concours d’imitation de Michael Caine.

Steve Coogan est triste, Steve Coogan se languit, Steve Coogan culpabilise, Steve Coogan, Steve Coogan, Steve Coogan… diable, pourquoi parle-t-on autant de Steve Coogan ? Tout bonnement parce qu’il est au centre de THE TRIP, tenant davantage d’un ultime numéro nombriliste de la part de son acteur principal que d’une véritable catharsis. Pire encore, l’entreprise sent le calcul commercial à plein nez. Car avant THE TRIP au cinéma, il y eu la série éponyme de BBC Two : « sim-com » dans laquelle le trio Steve Coogan/Rod Byron/Michael Witterbottom brouillait déjà les pistes sur la nature véridique des ingrédients. « Où commence la fiction, où s’arrête la réalité ? » en somme.

Question plus pertinente encore : où est la finalité ce road-movie gastronomique ? Dans la simple constatation que Steve Coogan prétend être un sociopathe narcissique ne pouvant avouer sa solitude ? Un peu léger pour combler la faim de spectateurs qui se régaleront sûrement des conversations de table des deux convives (l’humour pince sans rire y est servi à toutes les sauces), mais qui crieront famine devant une carte du menu grandement répétitive. Une redondance situationnelle d’autant plus indigeste sur la longueur que THE TRIP s’avère cinématographiquement pauvre. Le (beaucoup trop) prolifique Michael Winterbottom se contentant de recycler des pans entiers de la série servis dans leur emballage d’origine (traduction : filmés tels quels). En guise d’épaississant, quelques séquences intermédiaires viennent garnir la tambouille d’un chef dont on préfère grandement TOURNAGE DANS UN JARDIN ANGLAIS. Mise en abyme plus goûteuse que ce voyage en raz de campagne tristounet.

The Trip, de Michael Winterbottom. Avec Steve Coogan, Rob Brydon. Sortie le 20 juillet.