THE SESSIONS : Chronique

05-03-2013 - 17:26 - Par

Sujet casse-gueule, traitement subtil, acteurs parfaits : Ben Lewin transcende le handicap.

Poète, Mark O’Brien (John Hawkes) est atteint de la polio depuis ses 6 ans. Passant la majeure partie de son existence dans un poumon d’acier, il désespère de perdre un jour sa virginité et de connaître une vie sexuelle. Jusqu’à ce qu’il fasse appel à une thérapeute, Cheryl Cohen-Greene (Helen Hunt) qui, sur six sessions, propose aux handicapés de les initier aux joies de la chair. Chouchou de la presse américaine depuis sa présentation à Sundance en janvier 2012, THE SESSIONS se dévoile enfin en France, et prouve que cet enthousiasme n’a rien de galvaudé. Sans grande prétention esthétique (mise en scène plan-plan, photographie sans véritable identité, montage passe- partout), THE SESSIONS surmonte tous ses petits défauts par la grâce de son traitement. En adaptant l’article « On Seeing A Sex Surrogate » de Mark O’Brien – car oui, le film est une histoire vraie – Ben Lewin livre bien plus qu’un simple biopic sur un personnage hors-normes ou qu’un essai filmique sur un sujet décalé. Il se consacre avant tout aux relations humaines (entre Mark et le reste du monde en général, entre Mark et Cheryl en particulier), aborde avec une simplicité aérienne des thèmes extrêmement complexes auxquels la majeure partie d’entre nous refusent de penser au quotidien, et le fait avec un tact et une intelligence qui confinent à l’orfèvrerie. Ni prude ni voyeur, THE SESSIONS explore la vie sexuelle des handicapés frontalement, avec un humanisme imparable et un humour délectable. Que Ben Lewin soit lui-même atteint de la polio n’est sans doute pas étranger à la justesse de THE SESSIONS. Mais l’écriture libre et enlevée ainsi que les prestations toutes en laisser-aller de John Hawkes et Helen Hunt ont également fort à y faire. Les deux acteurs, qui s’effacent superbement derrière leur personnage et refusent la « performance », valident entièrement la sobriété du regard de Lewin. On regrettera juste que les motivations de Cheryl pour sa carrière peu commune soit si peu creusées et résumées au statut de « sainte » que lui colle son époux. Ironie de l’histoire, THE SESSIONS s’avère aussi un vrai film sur la religion : si Lewin explore le rôle qu’a eue celle-ci dans les traumas d’O’Brien, il la regarde également avec une chaleureuse complicité, grâce au prêtre remarquablement interprété par William H. Macy. Un personnage en forme d’emblème du film : tout simplement indispensable.

De Ben Lewin. Avec John Hawkes, Helen Hunt, William H. Macy. États-Unis. 1h35. Sortie le 6 mars

 

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