OBLIVION : chronique

10-04-2013 - 09:54 - Par

Moins inconséquent que TRON : L’HÉRITAGE, aussi esthétiquement spectaculaire, OBLIVION peine tout de même à passionner.

Avec TRON : L’HÉRITAGE, on avait appris que Joseph Kosinski possédait un œil acéré pour l’image qui fait mouche et le production design qui chatoie, ainsi qu’un sens aigu du spectacle cadencé sur la musique idoine. Sauf qu’en dépit de ses évidentes qualités visuelles, la suite de TRON butait sur un récit d’une platitude handicapante et des enjeux dramatiques inexistants. Son premier film semblait donc davantage destiné à un musée d’art moderne qu’à une salle de cinéma. Son second opus, OBLIVION, surmonte en partie ces défauts par la grâce d’une idée de départ engageante. Après une invasion alien dont l’humanité est sortie vainqueur mais la Terre impropre à la vie, les rescapés se sont exilés sur Titan. Ne restent sur notre planète que quelques survivants chargés de superviser l’extraction de ressources naturelles. Parmi eux Jack Harper (Tom Cruise) et son opératrice Julia (Andrea Riseborough). Lorsque Jack – assailli par des souvenirs d’une Terre encore féconde qu’il n’a pourtant pas connue – découvre dans les décombres d’un crash une mystérieuse jeune femme (Olga Kurylenko) lui étant apparue dans ses rêves, il remet en question sa mission et les fondements même de son existence. OBLIVION déborde d’une folle ambition, celle d’une SF existentielle refusant vaille que vaille le spectacle à tout prix. À ce titre, OBLIVION détone car bien que blockbuster à gros budget, il présente au final peu des atours du genre. CGI discrètes, pyrotechnie réduite à portion congrue, scènes d’action quasi absentes ou anti spectaculaires, lenteur volontaire : tout est ici fait pour privilégier l’expérience sensorielle et rêveuse à l’exaltation éphémère. Kosinski réussit son pari dans un premier acte à l’étrangeté envoûtante en dépit d’un manque d’enjeux palpables et d’un sentiment de danger tout relatif. L’insondable beauté des décors naturels d’Islande, ainsi que la relation complexe qui unit Jack à Julia (Andrea Riseborough est encore une fois remarquable de retenue) suffisent à embarquer le spectateur. Mais dès lors que surgit le personnage de Kurylenko, OBLIVION s’embourbe dans un récit statique et bégayeur. Kosinski souligne trop l’arrivée imminente de révélations finales et dose mal les avancées de son intrigue, au point que celle-ci en devient rapidement ronflante. Tout passe par des dialogues explicatifs disséminés de façon erratique, forçant le spectateur à raccrocher laborieusement les wagons. OBLIVION y apparaît faussement complexe, maladroitement roublard et manque ainsi d’un liant qui lui aurait assuré une plus grande fluidité narrative et une portée émotionnelle plus organique. Dommage car le dernier acte, plus exaltant et effectivement pétri de rebondissements (mais aussi de références trop appuyées à 2001 L’ODYSSÉE DE L’ESPACE, MOON ou MATRIX), aurait sans aucun doute gagné en intensité s’il n’avait pas été défloré par ce second acte lourdaud. OBLIVION n’en demeure pas moins une vraie proposition de cinéma nageant à contre-courant du spectacle hollywoodien actuel et à ce titre, mérite au moins un coup d’œil curieux et indulgent.

De Joseph Kosinski. Avec Tom Cruise, Andrea Riseborough, Olga Kurylenko, Morgan Freeman. États-Unis. 2h06. Sortie le 10 avril

 

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