WHITE HOUSE DOWN : chronique

04-09-2013 - 10:00 - Par

Roland Emmerich convoque sans s’excuser les 80’s pour livrer un actioner jouant clairement la carte parodique et où le duo Tatum / Foxx excelle.

« Je suis surpris que personne ne capte [l’ironie] de mes films » : voilà ce que Roland Emmerich nous avait lancé en 2011 lors de la promo d’ANONYMOUS. Devant WHITE HOUSE DOWN, il sera difficile de passer à côté de la farce. D’autant que l’humour d’Emmerich, ridiculisant souvent le patriotisme de l’actioner ricain en l’exaltant plus que de raison, s’avère ici plus justifié et maîtrisé que dans ses précédents films. Avec WHITE HOUSE DOWN, le cinéaste allemand tient un spectacle 80’s lorgnant autant vers le survival d’action à la DIE HARD que vers le buddy movie policier à la ARME FATALE. John Cale (Channing Tatum) postule aux Services Secrets, la garde très rapprochée du Président. Juste après son entretien d’embauche, la Maison-Blanche est prise d’assaut. Cale devient le dernier rempart du monde libre, le dernier espoir de survie du Président Sawyer (Jamie Foxx). Lui n’a qu’une idée en tête : retrouver sa fille, prisonnière des assaillants… Si Emmerich parsème WHITE HOUSE DOWN de quelques références superfétatoires à DIE HARD, il ne cherche pourtant jamais à se mettre au niveau des modèles de l’action 80’s échevelée – John McTiernan, Richard Donner, Tony Scott, Shane Black. Sans doute sait-il qu’en essayant de ressusciter leur esprit, il sombrerait dans le cynisme opportuniste ou la mélancolie surannée. Alors il fait de WHITE HOUSE DOWN une franche parodie presque digne d’un ZAZ ou d’un National Lampoon, avec le risque de s’aliéner un public recherchant l’adrénaline premier degré. Le rire étant l’une des émotions les plus subjectives, d’aucuns ne verront ici qu’une pantalonnade poussive. Mais pour peu qu’on se laisse bercer par la folie potache du film – une poursuite en voiture dans les jardins de la Maison Blanche ! Une baston à coups de poêle à frire ! –, les tacles à l’encontre de l’Amérique post-11-Septembre (« On ne sait pas qui sont ces terroristes, mais c’est sûrement Al Qaïda », disent les médias), les performances burlesques de Tatum et Foxx ou celle, animale, de Jason Clarke, WHITE HOUSE DOWN se pose en divertissement stupidement jubilatoire. Surtout qu’Emmerich aligne ici de gros morceaux d’action qu’il filme avec une précision (notamment dans la spatialisation) et une énergie indéniables – dommage que certains VFX et autres fonds verts ne soient pas au diapason. WHITE HOUSE DOWN n’a pas de quoi faire trembler les classiques d’antan. Mais il en ravive avec joie nos souvenirs les plus mémorables, comme une madeleine proustienne.

De Roland Emmerich. Avec Channing Tatum, Jamie Foxx, Maggie Gyllenhaal. États-Unis. 2h11. Sortie le 4 septembre

 

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