LES AMANTS DU TEXAS : chronique

18-09-2013 - 10:00 - Par

David Lowery propose une romance criminelle naturaliste et forte qui l’impose immédiatement comme un auteur à suivre de près.

Après un braquage qui tourne mal, Bob (Casey Affleck) et Ruth (Rooney Mara), qui s’aiment à la folie, sont séparés. Le premier est envoyé en prison, la seconde, enceinte, est épargnée par la justice. Mais Bob va s’échapper pour rejoindre sa petite famille, et découvrir, hélas, qu’après des mois de séparation, les sentiments de Ruth se sont délités. Pire, elle est prête à tomber dans les bras d’un policier (Ben Foster) qui pourrait lui garantir une vie de sécurité. Difficile de se faire une place dans le genre codifié du film de gangsters. D’autant que David Lowery pose son regard sur un couple de hors-la-loi, ouvrant irrémédiablement la voie à des comparaisons écrasantes – de BONNIE & CLYDE d’Arthur Penn à LA BALADE SAUVAGE de Terrence Malick. Pas étonnant donc, qu’au sortir de la présentation des AMANTS DU TEXAS à Sundance, certains aient comparé Lowery à l’auteur de THE TREE OF LIFE. Une analogie qui, si elle s’avère poussive, n’en demeure pas moins inévitable, tant LES AMANTS DU TEXAS emprunte à Malick : sa fascination pour la nature, son goût pour la voix off – ici dans un style épistolaire mais pas moins spirituel – ou pour les atmosphères élégiaques gorgées de lumière. David Lowery embrasse ainsi ce qui est devenu depuis les années 1970 un certain classicisme, mais sans singer ses modèles dans ce qui aurait pu devenir un vain exercice stylistique. Avant tout, LES AMANTS DU TEXAS propose une expérience sensorielle à la forte identité, véhiculée par une brutale entrée en matière et une exploration minutieuse de ses « héros », dont les personnalités se révèlent surtout dans les non-dits. Ainsi, Lowery évite de leur coller des étiquettes qu’il lui serait ensuite impossible de décoller, refuse de s’imposer en démiurge manipulant ses personnages et préfère les laisser se dévoiler au fil d’un récit patient. À ce titre, le rôle du policier incarné avec grande subtilité par Ben Foster s’impose en pierre angulaire d’un film allant à rebours des images d’Epinal, où chacun des protagonistes évolue en fonction de choix existentiels parfaitement définis et d’émotions d’autant plus touchantes qu’elles apparaissent d’un grand réalisme. Dommage que Lowery surligne parfois inutilement son propos – notamment dans le dernier quart d’heure – ou que sa malice, par moments trop clairement assénée, se retourne contre lui. LES AMANTS DU TEXAS parvient néanmoins à faire oublier ses défauts grâce à son sincère romantisme, à son storytelling à ellipses très dynamique et à ses prestations incarnées.

De David Lowery. Avec Rooney Mara, Casey Affleck, Ben Foster. États-Unis. 1h45. Sortie le 18 septembre

 

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