THE RAID 2 : chronique

23-07-2014 - 12:33 - Par

Plus opératique que THE RAID, THE RAID 2 a pourtant un souci : il a un scénario. Un paradoxe ? Pas tant que ça.

Quel grand souvenir de cinéma, THE RAID ! Un petit objet énervé d’action non-stop filmée avec une caméra virtuose. Si compact, si vif, qu’il n’y avait ni la place ni le temps pour un scénario. THE RAID se situait sur le terrain du high-concept à tendance vidéoludique. C’était un coup de maître formel et la découverte d’un cinéaste-chorégraphe prodige. Pour cette suite, Gareth Evans a fait encore plus fort. Jamais on n’a vu des combats mis en scène avec tant d’inventivité, l’objectif toujours plus près des corps, en recherche du cadre parfait, intensifiant l’impact. Bien sûr, Evans a la chance inouïe d’avoir des acteurs experts en arts martiaux : pas d’artifices ni de trucages, il n’y a qu’à capturer ces moments de grâce, ces gestes lestes et brutaux. Y a qu’à, faut qu’on. Mais comment la caméra a-t-elle pu s’insinuer là ? C’est quoi cet angle ? C’est humain cette vitesse de déplacement ? THE RAID 2 est un coup de grâce asséné aux films d’action. Hollywood, ses filins et ses acteurs doublés peuvent aller se rhabiller, Gareth Evans est le meilleur dans son domaine. Il transforme la série B de baston en un ballet majestueux. On ne compte plus les scènes qui décrochent la mâchoire – le final, dans une cuisine bien fournie en objets tranchants, confine au génie. Il s’essaye même aux poursuites en voitures pour, au final, redéfinir la manière de les filmer. C’est un cinéma primaire et orgastique, organique et charnel, violent, réel, qui étourdit. Alors pourquoi faut-il qu’il y ait un « mais » ? THE RAID assumait réellement sa maigre prétention scénaristique. Evans le revendiquait : du drama ? Oui, bon. Il y avait Rama et son frère, ennemis intimes au sein d’un immeuble devenu le royaume d’un parrain de la drogue. Déjà pas mal. Ce THE RAID 2, il l’a voulu plus opératique : dans la continuité du premier, Rama est envoyé en prison par les bœufs-carottes locaux pour infiltrer la mafia et mettre en lumière un réseau de corruption. Finie l’unité de lieu, de temps et d’action ; le jeu de massacre multiplie les personnages et les motivations troubles. Evans s’inspire par trop des outrances de John Woo ou du lyrisme du PARRAIN et tricote un script bancal, aux trops nombreux ventres mous. Une histoire ? Pourquoi pas ? Mais une histoire déjà vue – trahison, rivalités, quête de pouvoir – et trop longue (2h28 !), sans façon ! Gareth Evans, même s’il est ambitieux, est encore immature en matière de dramaturgie. Et si l’on considère ce qu’il avait su faire d’une simple rivalité fraternelle et trente étages abandonnés par les pouvoirs publics, c’est presque du gâchis.

De Gareth Evans. Avec Iko Uwais, Yayan Ruhian, Julie Estelle. Indonésie. 2h28. SORTIE LE 23 JUILLET

 

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