ABRAHAM LINCOLN CHASSEUR DE VAMPIRES : Chronique

08-08-2012 - 09:46 - Par

Timur Bekmambetov réinvente la vie du 16e Président des Etats-Unis. Des étincelles de sublime dans un film frôlant le grotesque.

Adapté du bestseller éponyme de Seth Grahame-Smith, ABRAHAM LINCOLN : CHASSEUR DE VAMPIRES revisite l’Histoire en faisant du grand Président d’Amérique (Benjamin Walker) un orphelin, en guerre contre des vampires avides de prendre le pouvoir sur le territoire. Entraîné par Henry Sturgess (Dominic Cooper), un être mystérieux qui voue sa vie à la destruction des suceurs de sang, Abe va tenter de concilier sa sanguinolente revanche et le combat politique et idéologique de l’abolition de l’esclavage… Les deux, mes enfants, étant plus liés que vous ne le soupçonniez… Tin-din !!! Le décor est planté et aussi fantasque soit-il, il mérite le coup d’œil pour son originalité. Qu’allait donc faire de ce postulat un réalisateur russe – Timur Bekmambetov – dont la grandiloquence visuelle n’est plus à prouver (voir le tir de balle courbé de WANTED et autres cabrioles visuelles) ? Quelque chose d’improbable mis en scène de manière absurde. Un film en costumes (normal) aux combats anachroniques mêlant kung-fu, gunfights, jeté de cheval intempestif (si, si), dérapage de carriole en slow motion et fourchettes. Vous nous direz qu’on exagère, que c’est une formule choc pour faire marrer, mais non. Dans ABRAHAM LINCOLN…, l’argenterie met fin à la Guerre de Sécession, les chariots en bois défoncent des murs de pierre et on chope bel et bien des canassons par la patte pour les balourder sur son adversaire qui ne manquera pas de le rattraper et de grimper dessus. Enfin, sur ce dernier point, on ne mettrait pas notre main à couper : encore faudrait-il qu’on ait bien vu la scène. Car la lecture de cette séquence croquignolette, comme d’autres d’ailleurs, a été complètement sacrifiée sur l’autel du tout numérique et n’est composée que de plans surdécoupés et de mouvements de caméra outranciers. Le résultat, brouillon, est en dessous d’une animatic de jeu vidéo, la 3D et sa sale manie d’assombrir l’image finissant d’achever le tout. De toutes façons, chaque scène d’action un tantinet épique est filmée sur fond vert, avec pour tout décor incrusté … de la fumée. Frustrant, car ABRAHAM LINCOLN : CHASSEUR DE VAMPIRES livre, par ailleurs, de très jolis moments. Un beau dialogue par ici, un Lincoln shooté dans un ralenti ample et rageur par là, une belle direction artistique ou la prestation salvatrice de Benjamin Walker. De petites touches merveilleuses qui n’empêchent pas le film d’être un gloubiboulga visuel repoussant, au récit foncièrement problématique et illogique.

De Timur Bekmambetov. Avec Benjamin Walker, Dominic Cooper, Anthony Mackie. États-Unis. 1h45. Sortie le 8 août

Note de la rédaction : 1,5/5

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