JACK REACHER : chronique

11-12-2012 - 15:00 - Par

Douze ans après WAY OF THE GUN, Christopher McQuarrie repasse derrière la caméra et s’offre un thriller avec Tom Cruise. 

Un homme est arrêté pour avoir assassiné cinq personnes, au fusil à lunette depuis le dernier étage d’un parking. Pour toute défense, il demande à ce que Jack Reacher (Tom Cruise), ancien enquêteur au sein de l’armée, étudie son cas. Avec ses méthodes très personnelles et au mépris des lois, il sera le seul à aller au-delà des apparences et découvrir l’identité du vrai tueur. Projet prometteur, résultat décevant. Le fond du problème étant que toute tension est désamorcée dès le premier quart d’heure, puisque l’identité de l’assassin est révélée lors de la séquence inaugurale (muette et virtuose). Jack Reacher, fin limier, a donc en permanence une bonne heure de retard sur le spectateur. Situation croquignolette donc, lorsqu’il découvre la supercherie, le regard intense, et la révèle à l’avocate de l’accusé (Rosamund Pike, un peu transparente) dans une déclaration choc. Voilà un héros qui aura du mal à nous convaincre. Peu importe qu’il tabasse tout ce qui passe : Tom Cruise peine à être le badass que Lee Child, auteur des romans dont JACK REACHER s’inspire, avait précédemment créé. Il n’est pas le bagarreur de rue imaginé et promis. Lui offrir une série de dialogues drolatiques n’arrange en rien le charisme tout relatif du personnage. Le scénario repose sur des fondations branlantes, l’intrigue n’est qu’une excuse pour suivre l’acteur en toute situation, le ton s’égare parfois vers la bouffonnerie la plus surréaliste, le rythme est étrange, le montage des plus discutables. Au point que ce thriller – un genre reposant souvent sur l’art de la narration – est émaillé de faux suspense, de vains double-sens, de répliques mystérieuses qui clochent, de punchlines qui tombent à plat. Rares sont les blockbusters hollywoodiens affichant ce genre de lacunes. On se souvient pourtant de THE WAY OF THE GUN, premier film de Christopher McQuarrie, comme d’une petite boule d’énergie, forte d’excellentes idées de mise en scène. Or, les deux films n’ont en commun qu’une scène de poursuite en voitures particulièrement réussie. Il y a douze ans, la séquence était rigolote et originale. Aujourd’hui dans JACK REACHER, elle est parfaitement chorégraphiée, tout aussi bien filmée, et brutale. Le vrai fait d’arme du film. On retiendra par ailleurs une fusillade magistrale et les prestations étonnantes de David Oyelowo et Jai Courtney, impeccable en homme de main taiseux. Quelques qualités qui sauvent le film de la déconfiture.

De Christopher McQuarrie. Avec Tom Cruise, Jai Courtney, Rosamund Pike. États-Unis. 2h10. Sortie le 26 décembre

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.