MANIAC : Chronique

02-01-2013 - 11:25 - Par

Elijah Wood ne sait plus où donner de la tête dans ce remake malin d’un classique de l’horreur. No more Mr Nice Guy !

Que peut-il bien se passer dans la tête d’un serial killer ? C’est ce que nous propose de découvrir MANIAC, remake franco- américain du film éponyme réalisé par William Lustig en 1980. Français, MANIAC ? Oui, car sous ses dehors de production indé US, le film cache un cœur bien de chez nous, et même européen. Il faut dire qu’outre la présence de Franck Khalfoun (2E SOUS SOL) derrière la caméra, on retrouve à l’écriture le tandem Alexandre Aja/Grégory Levasseur passé maître du remixage de perles horrifiques. Le réalisateur de MIRRORS en a d’ailleurs profité pour rameuter une très grande partie de son équipe : du chef op’ Maxime Alexandre (HAUTE TENSION) au monteur Baxter (MIRRORS), tout ce beau monde travaillant sous le haut patronage de Thomas Langmann. De là à dire que MANIAC est marqué par le sceau de l’Hexagone, il n’y a qu’un pas… que nous nous garderons bien de franchir tant il est ancré dans son environnement purement américain. Ici, les rues de la Cité des Anges prennent des allures d’Enfer nocturne, un peu comme si Abel Ferrara avait décidé de retapisser en noir une œuvre d’Edward Hopper. Anxiogène, MANIAC ? À peine ! Et ce n’est que l’une des qualités de ce remake qui se refuse à édulcorer la portée ou le propos de son modèle. Mieux, il se le réapproprie via une belle idée de cinéma : la caméra subjective. L’occasion pour Khalfoun de se démarquer via une mise en scène ludique lui permettant de gérer intelligemment l’espace. Un gimmick loin d’être vain car toujours utilisé pour servir au mieux la narration. Et qui n’occulte en rien la performance d’un Elijah Wood parvenant, en dépit de cette contrainte scénique, à donner corps à cet émule de Norman Bates. Tour à tour pathétique et terrifiant, il approfondit encore le sillon qu’il avait creusé dans SIN CITY. Sensoriel dans son approche, MANIAC gagne en intensité grâce à la musique très atmosphérique de Rob (RADIOSTARS). Autant d’éléments qui en font une sorte de « DRIVE du film de serial killer » (toutes proportions gardées) dans lequel le spectateur, pris au piège d’une psyché malade, n’a d’autre choix que de suivre l’anti-héros dans sa virée meurtrière. Petit à petit, le malaise gagne tandis que les meurtres se font de plus en plus graphiques, rappelant un certain âge d’or du giallo. Et si on dénote quelques redondances ici et là, MANIAC n’en demeure pas moins une belle surprise à la croisée d’ENTER THE VOID et d’un épisode de DEXTER.

De Franck Khalfoun. Avec Elijah Wood, Nora Arnezeder, Liane Balaban. États-Unis / France.1h30. Sortie le 2 janvier

 

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