#CHEF : chronique

29-10-2014 - 13:29 - Par

Jon Favreau revendique son indépendance dans la peau d’un chef viré d’un grand restaurant. Un film méta. 

Jon Favreau n’a pas toujours été M. Blockbusters. Avant de travailler à la mise en scène pour Marvel (IRON MAN1 et 2), il était acteur dans des films indé (VERY BAD THINGS par exemple) et réalisait des films aux budgets modestes (MADE, ELF). D’aucuns diraient que s’il a excellé dans la grosse production, ce fils de professeurs du Queens s’y est un peu fourvoyé. #CHEF est sa propre confession. Ainsi Favreau s’imagine chef d’un restaurant de Los Angeles, contraint par son patron de sempiternellement cuisiner les mêmes menus, frustré dans sa créativité. Viré pour avoir insulté un critique qui l’a gratifié d’une review assassine et encouragé par sa femme à prendre son destin en main, il achète son foodtruck et devient son propre patron, offrant aux clients une nourriture authentique. Une deuxième vie, un retour aux sources qui va, cerise sur le gâteau, lui permettre de renouer avec son fils dont il s’était éloigné à cause de son travail. La métaphore est évidente : Favreau exorcise sa propre carrière et c’est tout à son honneur. Voilà le faiseur de grosses machines revenir à un cinéma à taille humaine, après avoir été essoré par la méthode Marvel. Restauration de luxe, industrie hollywoodienne: même combat. Comme son personnage, le réalisateur/ interprète Favreau met une double dose d’huile de coude, fuck les blogueurs et investit son énergie dans un projet qui lui fait plaisir. Il se paie le luxe de bâcher, au détour d’une réplique, le merveilleux monde de Disney (Marvel est une propriété de Disney). Côté confession, Favreau s’avoue un peu dépassé par la circulation de l’information 2.0, l’agora que représentent les réseaux sociaux, mais se dépeint comme un type qui essaie d’être à la hauteur de son époque – une gageure. Son portrait, en creux d’une comédie bon enfant et inégale dans le rythme (vers la fin, le film n’a plus grand-chose à dire), est émouvant. Mais comme il serait facile de taxer d’hypocrite celui qui a connu la gloire grâce aux comic book movies et, dans une moindre mesure, aux fanboys accros à Twitter, Favreau ne crache pas dans la soupe et préfère jouer la carte du compromis. Non, le bonheur n’est pas dans l’art fauché et non, le manque de moyens n’est pas toujours le garant de l’imagination : le chef s’épanouira autrement, dans une économie du milieu, en même temps qu’il se rendra compte du bienfait des critiques et de la bienveillance éventuelle des « petits juges ». Jon Favreau, lui, est déjà au travail pour le successeur de #CHEF : LE LIVRE DE LA JUNGLE pour… Disney. Après avoir fait le point en long-métrage, il peut repartir sur des bases saines.

De Jon Favreau. Avec Jon Favreau, John Leguizamo, Scarlett Johansson. États-Unis. 1h54 Sortie le 29 octobre

 

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