PARADISE LOST : chronique

05-11-2014 - 10:08 - Par

Des partis pris intéressants parcourent ce biopic de Pablo Escobar, qui trébuche sur une histoire d’amour trop convenue.

Malgré l’existence de la série télé PABLO ESCOBAR, LE PATRON DU MAL et d’une foule de documentaires, le leader du cartel de Medellin, Pablo Escobar, n’avait pas encore eu les honneurs du biopic de cinéma. Et ce, en dépit de divers essais, infructueux (ESCOBAR d’Oliver Stone et KILLING PABLO de Joe Carnahan). Pour sa première réalisation, l’acteur Andrea Di Stefano (vu notamment dans NINE), qui signe également le scénario, fait donc preuve d’ambition. Alors peut-être pour se faciliter la tâche, il ne cherche pas ici la ligne classique menant d’un point A (l’enfance) à un point B (la mort) et ne vise heureusement pas l’exhaustivité biographique. PARADISE LOST s’intéresse en effet à une période très précise et limitée de la vie du baron de la drogue. En l’occurrence une poignée d’années qui ont précédé le 19 juin 1991, date à laquelle il s’est livré aux autorités colombiennes. Di Stefano choisit par ailleurs d’étudier son sujet depuis un point de vue extérieur, celui de Nick, jeune Canadien expatrié en Colombie qui, entre deux séances de surf, va se frotter à la violence locale et tomber amoureux de Maria, la nièce d’Escobar. Ce regard profane a évidemment tendance à ramener un peu trop le portrait du trafiquant à ce que l’on connaît déjà de lui, à ce que l’on sait de la fascination qu’il suscitait. Mais au final, il permet aussi une certaine dédramatisation – la flamboyance du personnage ne déteignant pas sur le film– et une observation plus humaine (à l’instar d’une simple petite frappe, Escobar est ensorcelé par la figure mythologique du gangster américain, par exemple). Ainsi, Di Stefano laisse de côté l’image romantique du dealer pour se pencher sur l’homme et ses contradictions, qui semblent concorder avec celles de nombreux gangsters filmiques : criminel sans pitié, Escobar était aussi un chef de famille aimant et un homme de foi. Du genre fervent. Personne ne sera donc étonné que le film emprunte son titre au poème de John Milton sur la lutte entre les anges déchus du Diable et les forces de Dieu… Un certain lyrisme parcourt ainsi PARADISE LOST, notamment dans ses premier et dernier actes : se déroulant sur quelques heures le 18 et le 19 juin 1991, ces deux parties projettent le spectateur dans une situation de crise dont Di Stefano maîtrise bien la tension et la puissance opératique. Il est d’autant plus regrettable que le centre du récit –un flash-back sur les années précédentes – apparaisse souvent lâche et creux, la faute à la romance entre Nick et Maria, trop fleur bleue et rebattue pour convaincre.

D’Andrea Di Stefano. Avec Benicio Del Toro, Josh Hutcherson, Claudia Traisac. France / Espagne. 1h54. Sortie le 5 novembre

 

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