INVINCIBLE : chronique

07-01-2015 - 09:58 - Par

En dépit de superbes acteurs et d’une première heure captivante, INVINCIBLE passe en partie à côté de son sujet.

Avril 1943 : l’avion de guerre américain dans lequel sert Louis Zamperini – ancien athlète olympique ayant couru le 5 000 mètres aux Jeux de 1936 – s’abîme en mer. Après quarante-sept jours de survie sur un canot de sauvetage, il est récupéré par un navire japonais. Il est alors envoyé dans un camp nippon… Hollywood essaie de porter au cinéma le destin de Zamperini depuis soixante ans. Mais il aura fallu attendre le livre « Invincible » de Laura Hillenbrand pour que le film voie enfin le jour. D’autant qu’en explorant comment Zamperini avait fini par pardonner à ses geôliers, l’auteure avait dévoilé une dimension supplémentaire – la rédemption et la miséricorde – de ce héros de guerre hors du commun. Une porte d’entrée que le film d’Angelina Jolie semble vouloir franchir dès le premier acte d’INVINCIBLE, par la voie du sermon d’un prêtre : « Tu dois vivre en traversant la nuit. Pardonner le péché, accepter les ténèbres. L’amour trouvera ton ennemi », dit ainsi l’homme d’Église devant un tout jeune Zamperini. Malheureusement, tout ceci ne restera que théorique, et INVINCIBLE de préférer se focaliser, avec plus ou moins de réussite, sur les obstacles homériques que va traverser Zamperini pendant deux ans. La première heure recèle ainsi de véritables trésors visuels – un crash d’avion durant lequel la bravoure et la peur mêlés suintent de l’écran –, d’un élan narratif captivant et poignant, de moments d’une grande cruauté abordés avec un recul bienvenu, de prestations d’acteur admirables – dont celles de Jack O’Connell et Domhnall Gleeson. Pourtant ce tact, qui permet tout d’abord à INVINCIBLE de ne pas être une simple hagiographie fascinée et intimidante mais le portrait exalté de la possible beauté de l’humanité, passe aux oubliettes durant la seconde moitié du film. Une fois Zamperini jeté dans les camps nippons, INVINCIBLE sombre dans l’académisme et le systématisme d’une accumulation épuisante et souvent vaine de scènes de torture. Du duel mental et physique entre le prisonnier et son bourreau principal, qui s’étire arbitrairement, ne ressort ainsi quasiment rien si ce n’est, évidemment, l’abnégation et le désir de vivre de Zamperini. Mais la force de cet homme hors normes ne résidait-elle pas également ailleurs et notamment dans les décennies qui ont suivi la guerre, durant lesquelles il tenta de mener une vie vertueuse, jusqu’à rencontrer ses anciens tortionnaires pour les ‘absoudre’ ? Qu’INVINCIBLE réduise ce pan essentiel de cette histoire à de vulgaires lignes de texte expédiées en début de générique final laisse un désagréable goût d’inachevé. Voire de hors sujet.

De Angelina Jolie. Avec Jack O’Connell, Miyavi, Domhnall Gleeson. États-Unis. 2h10. Sortie le 7 janvier

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.