EVEREST : chronique

25-09-2015 - 15:40 - Par

EVEREST : chronique

Le réalisateur islandais Baltasar Kormakur relate de dramatiques faits réels dans un grand film catastrophe.

Everest-PosterEn 1996, une expédition vers le sommet de l’Everest est prise dans une gigantesque tempête. Certains alpinistes vont y laisser leur peau, d’autres la sauver in extremis. L’un des survivants, Jon Krakauer (journaliste en reportage in situ) va relater les événements dans un livre témoignage « Tragédie à l’Everest », adapté ici. Ce qui intéresse Baltasar Kormakur, c’est de déterminer à quel moment l’humain abdique face à la perspective de la mort ou au contraire, quel genre de résilience lui permet d’y faire face. Avec un arrière- goût de gâchis et d’injustice. En 2012, dans son tout petit SURVIVRE, revenant sur le cas d’école de Gulli, un homme qui avait surnagé six heures dans une eau à 5°C après le naufrage d’un chalut, le réalisateur islandais avait déjà déblayé le terrain de la résistance face à une fin certaine. À trois ans d’écart, les deux longs-métrages se répondent, dans la manière dont Kormakur met en scène les Hommes, minuscules et fragiles, face à la nature hostile et géante, dans son talent pour déchaîner, à l’écran, les éléments et faire d’eux des personnages colériques et impitoyables. Les images d’EVEREST sont vertigineuses au point que nos jambes ont souvent tremblé, les plans sont d’une envergure hors norme si bien que la sensation de désorientation est totale. La 3D a rarement été plus justifiée qu’ici et le format IMAX, plus séduisant. EVEREST aurait pu être un « film Géode », nous sensibilisant à l’impitoyable sauvagerie de la nature. Mais ici le spectacle a un sens narratif : plus il est grandiloquent, plus vous avez peur. Si SURVIVRE avait des atours de fable (alors qu’il était aussi inspiré de faits réels), EVEREST est pour Kormakur l’occasion de filmer l’inéluctabilité du destin et les corps-jouets. « L’homme n’est pas fait pour fonctionner en haut de l’Everest », dit Rob Hall, guide reconnu alors pour son professionnalisme et pour avoir popularisé les expéditions en Himalaya. Dans EVEREST, quand l’hécatombe préprogrammée démarre, alors chaque personnage n’est plus qu’un morceau de viande rappelé à la gravité, un poids mort. Refusant de verser dans le slasher en décor naturel (le film est très humain, très sensible), Kormakur évite aussi le piège du mélodrame hollywoodien, une gageure vu la difficulté de raconter l’agonie de gaillards increvables, pères de famille ou simples routards insouciants, dans un long-métrage de studio. Mais malgré l’ampleur du projet, la sobriété domine le récit et le jeu des comédiens, qui ont mis leur super-virilité au service d’un film catastrophe absolument poignant.

De Baltasar Kormakur. Avec Jason Clarke, Josh Brolin, Jake Gyllenhaal. États-Unis/Grande-Bretagne. 2h02. Sortie le 23 septembre

4Etoiles

 

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