CAPTAIN AMERICA – CIVIL WAR : chronique

26-04-2016 - 12:47 - Par

CAPTAIN AMERICA – CIVIL WAR : chronique

CIVIL WAR est un cas intéressant de blockbuster qui, sans être mauvais, souffre d’une absence totale de style et de prise de risque, l’empêchant de convaincre.

Civil-War-PosterAprès les événements tragiques de Sokovie décrits dans L’ÈRE D’ULTRON, les Vengeurs continuent de veiller sur le monde. Mais, alors qu’ils sont déployés en Afrique, une de leurs missions tourne mal. Les autorités se retournent contre les héros. L’ONU met sur pied les accords de Sokovie, censés obliger les Vengeurs à agir selon le bon vouloir des pouvoirs politiques. Tony Stark soutient l’initiative. Steve Rogers la rejette. Le torchon brûle au sein des Avengers… Pour porter à l’écran la célébrissime – et exaltante – storyline « Civil War », créée sur papier par Mark Millar, Marvel Studios choisit de déroger au matériau matriciel et d’inventer une nouvelle raison au conflit qui anime les super-héros. Si dans les comics, ils s’écharpaient autour d’une loi voulant les forcer à s’enregistrer publiquement et à révéler leurs identités secrètes, CAPTAIN AMERICA – CIVIL WAR souhaite confronter les Vengeurs aux conséquences de leurs actes. « Notre force est un défi. Ce défi mène au conflit. Et le conflit, c’est la catastrophe », lance ainsi Vision dans une réplique que ne renierait pas Yoda. A priori, une bonne idée permettant au Marvel Cinematic Universe de regarder dans le rétroviseur, de construire son présent et son futur sur des bases ayant désormais presque dix ans. Malheureusement, ces bonnes intentions – tenter de créer une véritable tissu émotionnel et politique cohérent tirant parti de la douzaine de films déjà produits – tombent finalement à plat. CIVIL WAR se révèle un objet de divertissement totalement paradoxal. S’agit-il d’un mauvais film ? Pas le moins du monde. Pourtant, jamais il ne suscite de réel enthousiasme non plus. En dépit des enjeux, jamais CIVIL WAR ne fait réellement vibrer. Il ne manque pourtant pas de qualités. Ainsi, on s’enthousiasme devant l’énergie de certains combats impliquant Black Widow ou devant la prestation, toujours aussi élégante, de Chris Evans. On se réjouit de voir Le Faucon enfin utilisé à bon escient – une joie de courte CivilWar-Picdurée, puisqu’elle se limite au premier acte. On ne peut qu’applaudir la formidable prestation de Paul Rudd dont la maîtrise comique fait un peu oublier l’insupportable humour goguenard véhiculé par les autres personnages. Surtout, on admire l’introduction de Black Panther, magnifiquement incarné par un Chadwick Boseman aussi régalien que révolté. L’incroyable potentiel du héros et de son film solo se voit ici puissamment confirmé. On apprécie même le nouveau Spider-Man – notamment grâce à l’interprétation juste et gouailleuse de Tom Holland. L’apparition de l’Homme Araignée cristallise cependant tous les problèmes de CIVIL WAR. Les raisons de sa présence dans le récit – puis de son départ – sont parfaitement arbitraires et démontrent à quel point le film est rongé par le calcul, une certaine artificialité et une recherche regrettable d’homogénéisation. Tout se révèle profondément calibré, sur des rails. Rien ne dépasse, tout est propre et lisse, permettant au public de se sentir en sécurité, devant un divertissement certes efficace, mais au final sans enjeux ni saveur – ne parlons même pas de la moindre sensation de danger. CIVIL WAR n’a pas la nervosité ou l’urgence du SOLDAT DE L’HIVER et, même s’il se révèle bien plus satisfaisant que L’ÈRE D’ULTRON, demeure d’une sagesse ennuyeuse. À l’image de son esthétique – une lumière générique, un étalonnage terne et un découpage parfois très brouillon –, CIVIL WAR manque de personnalité, de singularité, d’aspérités. Dépourvu de spontanéité, CIVIL WAR n’est dirigé par aucune réelle vision de cinéaste. Parce qu’il ne tente rien de vraiment flamboyant ou risqué, CIVIL WAR ne trébuche jamais de manière trop visible. Et ne dérangera donc pas le bon goût général. Sauf qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

De Joe & Anthony Russo. Avec Chris Evan, Robert Downey Jr, Chadwick Boseman, Scarlett Johansson, Elizabeth Olsen. États-Unis. 2h28. Sortie le 27 avril

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