Cannes 2016 : MIDNIGHT RETURN / Critique

De Sally Sussman. Sélection officielle, Cannes Classics.

Synopsis : L’histoire de Billy Hayes, dont l’emprisonnement en Turquie pour trafic de la drogue, inspira le film MIDNIGHT EXPRESS.

MIDNIGHT EXPRESS d’Alan Parker a-t-il insinué chez ses nombreux spectateurs depuis près de 30 ans une peur des Turcs? Si ce n’est un racisme ? C’est l’examen de conscience que propose en partie le documentaire MIDNIGHT RETURN, revenant de manière très complète sur l’histoire de Billy Hayes, de la vraie vie jusqu’à l’écran de cinéma. Emprisonné pour trafic de résine de cannabis en Turquie, ce jeune Américain a aussi été le catalyseur d’un conflit diplomatique entre les USA et la Turquie, les premiers mettant la pression à la seconde pour arrêter la culture du pavot. Le documentaire revient également sur la fabrication du film, des animosités entre le réalisateur Alan Parker et le scénariste Oliver Stone, à sa présentation à Cannes. C’est là, sur la Croisette, qu’a été évoquée pour la première fois l’idée que le film était profondément anti-turc d’abord, et qu’il avait été financé par la CIA, ensuite. Le malaise politique mit du temps à retomber, entre les menaces d’attentats régulières et le fait que les stups américains ont cautionné le film, voyant en lui la meilleure publicité anti-drogue qui soit. Encore aujourd’hui, « as-tu déjà mis les pieds dans une prison turque ? » est l’un des plus grands running gags du cinéma. Ça nous fait rire. Les Turcs, beaucoup moins. En dire plus serait déflorer l’intérêt du film qui, au-delà de ses qualités synthétiques révèlent les coulisses insoupçonnées d’un film autant que d’un fait divers. En effet, MIDNIGHT RETURN s’attarde longuement sur le vrai Billy Hayes, sorte d’ennemi de la Turquie en quête de pardon et d’apaisement.  Si le film n’a aucune volonté esthétique, il est fascinant de bout en bout.

De Sally Sussman. Documentaire. 1h39. Prochainement