BLOOD FATHER : chronique

31-08-2016 - 13:06 - Par

BLOOD FATHER : chronique

De retour au genre, Jean-François Richet filme Mel Gibson avec amour et signe un thriller d’action efficace et sans fioriture.

BloodFather-PosterQuelques mois seulement après UN MOMENT D’ÉGAREMENT (sans mauvais jeu de mots), comédie qui ne semblait guère lui ressembler a priori, Jean-François Richet revient au genre avec BLOOD FATHER. Adapté du roman « Père de sang » de Peter Craig, il met en scène Lydia, une jeune fille qui, après avoir abattu son mec – un caïd des cartels – trouve refuge chez son père, John Link. Ancien alcoolique, Hell’s Angel et criminel repenti, il va tout faire pour protéger cette gamine qu’il aime mais connaît mal. Sur les routes, traqués par des ennemis implacables, père et fille vont tenter de survivre et d’apprendre à vivre ensemble… D’aucuns rapprocheront sans doute un peu à la hâte BLOOD FATHER de TAKEN. Oui, tout comme Liam Neeson, Mel Gibson dispose ici d’un lot très particulier de talents qu’il va mettre au service de sa progéniture. Sauf que BLOOD FATHER se révèle bien plus soigné sur un point essentiel, la caractérisation des personnages, et s’élève ainsi au-dessus de son cousin bessonien. Le film, bien que court, rend palpable et crédible la relation entre John et Lydia – leur amour mais aussi la défiance qu’ils peuvent avoir pour leurs choix de vie respectifs. Par exemple, si John défend Lydia, il n’en oublie pas pour autant que sa fille risque de le mener vers sa chute – qu’il s’agisse de la gnole ou de la tôle. Sans les solutions habituelles de facilité – voix off ou flash-back –, Richet et ses auteurs parviennent à donner chair à Link, à son passé, ses erreurs et sa difficile rédemption. Il faut dire que le réalisateur français filme ici l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Dans un personnage qui pourrait presque être méta tant il renvoie à son destin chaotique, Mel Gibson rappelle qu’il n’a pas son pareil pour humaniser les archétypes de cinéma – de Mad Max à Martin Riggs. Sans sa subtile composition distillant ce qu’il faut de bougonnerie, John Link ne susciterait sans doute pas la même empathie. Richet, lui, capte cette prestation avec admiration, alignant de très jolis gros plans sur le visage ridé et buriné de Gibson. Grâce à ces personnages attachants mais aussi à une vision assez radicale de l’Amérique – est- elle en pleine déréliction ou tout simplement fondée sur des bases viciées ? –, BLOOD FATHER parvient à transcender son récit classique de roman pulp. Sans fioriture ni aucune prétention, BLOOD FATHER déroule avec efficacité rebondissements et séquences d’action. Un peu comme si, conscient de son anachronisme, il ressuscitait en toute générosité le cinéma B des 70’s et 80’s.

De Jean-François Richet. Avec Mel Gibson, Erin Moriarty, Diego Luna. France. 1h28. Sortie le 31 août

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