Antoine Fuqua remake le western de 1960 dans un film agacé et politique sous les beaux atours d’un produit de studio.
Même si LES7 MERCENAIRES n’arrive pas à la cheville des SEPT SAMOURAIS, il faut reconnaître à John Sturges d’avoir réussi comme son aîné à infuser un certain sentimentalisme dans un genre assez viril et violent. Ce western de 1960 est une œuvre de son temps (jusque dans ses défauts), dans laquelle sept fines gâchettes rendent leur honneur à des Mexicains terrorisés par un bandit local. Cinquante-six ans plus tard, Antoine Fuqua dépoussière le propos assez ordinaire de son modèle et veut raconter une autre Amérique. Celle où un Afro- Américain, un Irlandais, un Mexicain, un Cajun, un Asiatique (Lee Byung-hun est coréen mais il est suggéré que son personnage est chinois), un Comanche et un scalpeur professionnel vont sauver un village quacker des griffes d’un cruel exploitant minier. Celle, riche de sa diversité, où deux hommes évoquent vivement le passé ennemi de leurs ancêtres mais s’associent aujourd’hui contre un seul et même adversaire. Ici, le capitalisme fou, les oppresseurs qui maintiennent leur prochain dans un état de soumission. Fuqua donne l’occasion à tous ceux qui ont construit la grande Amérique de réclamer leur dignité. On imagine que l’énorme succès de DJANGO UNCHAINED a encouragé LES 7 MERCENAIRES à être dans cette résilience-là, des parallèles entre les deux films pouvant se tracer en dernière bobine. C’est au matriciel SEPT SAMOURAIS que cette nouvelle version emprunte cette volonté dévorante de mettre en scène des conquérants. Fuqua ancrant son film dans des problématiques raciales (bien plus que son prédécesseur), il crée peut-être malgré lui un western de l’utopie. « La guerre est finie pour chacun de nous. J’ai besoin de toi », dit le chasseur de primes noir (Denzel Washington) à l’ancien soldat sudiste (Ethan Hawke). Comme le film de Kurosawa parlait du Japon, celui de Fuqua parle de l’Amérique. En revanche, le réalisateur ne parvient jamais à encapsuler les incroyables émotions simples de ses deux aînés – le lien qu’entretiennent les mercenaires avec la population n’est jamais aussi émouvant que le regard de Charles Bronson posé sur trois gosses du village ou que les grimaces de Toshiro Mifune chez Kurosawa. Chez Fuqua, le sentimentalisme est balayé au profit d’un humanisme plus politique et plus froid. Et d’un scénario calibré par les exigences actuelles des studios : l’épilogue et sa voix off sont incongrus et l’action intervient régulièrement, métronomiquement. Mais la violence fait toujours office de message lapidaire : quiconque l’utilise de manière gratuite et disproportionnée (une scène d’assaut à la mitrailleuse est particulièrement insoutenable) verra sur lui s’abattre la vengeance des peuples américains.
D’Antoine Fuqua. Avec Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke. États-Unis. 2h12. Sortie le 28 septembre
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