La recette du bonheur selon DreamWorks néglige quelques ingrédients essentiels : de la passion, de l’émotion et de l’imagination.
LA GRANDE AVENTURE LEGO avait prouvé que la créativité artistique pouvait exister même dans le plus improbable des projets mercantiles : construit sur la promotion d’une célèbre marque de jouet, le film de Phil Lord et Chris Miller avait su déjouer le piège de la publicité déguisée en instaurant une fantaisie et un discours méta dépassant largement le cadre commercial du projet. Innocemment, on espérait qu’un tel détournement inspirerait d’autres studios. À commencer par DreamWorks Animation, lorsque la firme fit connaître son acquisition des droits d’adaptation des poupées Trolls, ces petites figurines à la chevelure fluo démesurée qui firent fureur dans les années 80/90. Passant de jouets démodés à héroïnes de fiction, elles forment désormais une communauté de joyeux lurons dont le passe-temps favori consiste à chanter sa bonne humeur constante entre deux séances de gros câlins. Une joie de vivre toutefois ombragée par leur condition d’êtres sans défense face à l’appétit féroce des Bergens – pessimistes grognons et insatisfaits ne concevant la félicité que dans la mastication et la digestion de Trolls. L’argument scénaristique de TROLLS en vaut bien un autre et pouvait même donner lieu à toutes les excentricités possibles, compte tenu du champ libre occasionné par l’absence de background mythologique. Pourtant, l’objet conduit par Mike Mitchell et Walt Dohrn (le déjà pas très inspiré SHREK 4, IL ÉTAIT UNE FIN), se voit cadenassé par un cahier des charges cumulant toutes les conventions du film d’animation à destination des plus petits. Au-delà de cette tranche d’âge, difficile de trouver matière à s’émerveiller devant une inoffensive fable sur le bonheur qui ne fait pas beaucoup d’efforts pour creuser un univers de comédie musicale inondé de couleurs papillotantes et de tubes pop réarrangés pour l’occasion. Situé dans la moyenne basse des productions DreamWorks, LES TROLLS livre donc son quota d’humour référentiel et d’émotion téléphonée sans chercher à innover ou à élargir sa cible de spectateur. On y trouve bien une maigre tentative de discourir sur la futilité du consumérisme (via la gloutonnerie des (pas si) méchants de l’histoire), mais nous sommes bien loin de la profondeur sentimentale qui illuminent DRAGONS 2, LES CROODS ou encore LES CINQ LÉGENDES. Ces mêmes titres qui actionnèrent la maturité artistique d’un studio pas toujours récompensé pour ses prises de risque justement, et donc toujours prompt à retomber dans ses vieux réflexes.
De Mike Mitchell et Walt Dohrn. Avec les voix originales de Anna Kendrick, Justin Timberlake, Gwen Stefani. États-Unis. 1h24. Sortie le 19 octobre.
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