QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT : chronique

04-01-2017 - 09:53 - Par

QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT : chronique

Quand l’amour, l’oubli, la mort et le merveilleux s’entremêlent : un conte à la perfection parfois trop mécanique, qui finit par émouvoir.

minutes-posterA quelques mètres d’une maison, dans une campagne verdoyante, le sol tremble et s’ouvre, engloutissant un vieux cimetière décrépit. QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT « commence comme beaucoup d’histoires: avec un garçon trop vieux pour être un enfant, trop jeune pour être un homme et… avec un cauchemar ». Les premiers instants du troisième film de l’Espagnol Juan Antonio Bayona après L’ORPHELINAT et THE IMPOSSIBLE rappellent à quel point son cinéma est hanté par le morbide. Conor O’Malley, souffre- douleur de son école, a 12 ans. Son père vit loin et sa mère est gravement malade. Un jour, un arbre donne vie à un monstre : chaque soir, quelques minutes après minuit, il contera une histoire à Conor. Quand il en aura fini, ce sera à l’enfant d’en raconter une… La relation entre une mère et son fils, l’imbrication du quotidien et du merveilleux en une réalité dont on ne sait vraiment si elle est métaphorique, l’instinct de survie : à bien des égards, QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT apparaît comme un aboutissement pour le cinéaste, voire comme une conclusion, un chemin vers une nouvelle étape dans sa carrière, tant il semble en pleine possession de ses moyens et mène ses thèmes de prédilection à maturation. Bayona donne aussi le sentiment de s’impliquer encore davantage personnellement, de parler plus que jamais de lui. Il construit un conte qui, de séquence en séquence, s’affiche en ode à l’imagination comme palliatif, à l’art comme échappatoire et ouverture sur le monde. Précision de mise en scène (caméra portée au cadre resserré sur Conor ou longues focales pour l’isoler dans un cadre flou), belles idées de montage (un fondu enchaîné d’un dessin à une fenêtre), séquences animées vintage illustrant avec poésie la morbidité des peurs enfantines, décor intemporel et universel : Juan Antonio Bayona démontre un brio de chaque instant. QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT, autant dans sa construction que dans son traitement, ne s’accorde aucun moment d’errance, aucun écart sentimental et c’est là son talon d’Achille. Tout à sa volonté pourtant louable de ne jamais manipuler son auditoire, le film donne parfois la sensation d’être mécanique, calculé, d’une perfection sans âme, incapable de transmettre viscéralement les sentiments complexes qu’il décortique. Un vernis qui finit pourtant par craquer dans le dernier acte, notamment grâce aux prestations du jeune Lewis MacDougall et de Felicity Jones. Là, lorsque l’émotion sincère et déchirante afflue, la patience presque clinique de Bayona prend finalement tout son sens.

De Juan Antonio Bayona. Avec Lewis MacDougall, Felicity Jones, Liam Neeson. Espagne/États-Unis. 1h48. Sortie le 4 janvier

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