LOGAN : chronique

28-02-2017 - 09:56 - Par

LOGAN : chronique

Traversé d’une grande tristesse et secoué de sursauts ahurissants de violence, LOGAN est un superbe adieu aux lames pour Hugh Jackman.

Logan-PosterLogan feuillette un comic et lance, exaspéré : « Ils ont pris la réalité et en ont fait des bobards ! ». Une référence méta dont le sens pourrait s’appliquer aux films de super-héros eux-mêmes, catégorie régnant désormais sur les blockbusters. À force de surenchère et d’enjeux rebattus de fin du monde, ne sont-ils pas dénués de toute vérité ? LOGAN propose une alternative sincère et gagnante. 2029. Logan, épuisé par trop de deuils et de combats, s’occupe d’un Charles Xavier en piteux état. Un jour, une jeune femme lui demande son aide : des hommes traquent sa fille, Laura (Dafne Keen, incroyable). Logan va découvrir que l’enfant n’a rien d’ordinaire… Sur WOLVERINE – LE COMBAT DE L’IMMORTEL, James Mangold avait déjà opté pour un regard plus humain, moins dirigé vers le tout-spectaculaire. Mais, arrivé sur le projet en cours de route, il n’avait décidé ni de l’histoire, ni du décor. Aux commandes de LOGAN dès ses prémices, il a souhaité lui imprimer un ton inédit, crépusculaire et sec, raccord avec le fait que Hugh Jackman ait décidé d’en faire son baroud d’honneur. Dès la scène d’intro Mangold tient ses promesses : LOGAN rattrape le temps perdu, filme un Wolverine brutal, offre un regard sans compromis sur la fureur qu’il abat sur ses adversaires et très charnel sur celle qu’il subit. Pourtant, ce n’est pas tant sa violence graphique qui fait le sel de LOGAN mais le fait que chaque scène d’action a un but et un sens. Sombre dans son portrait de la vieillesse, de la dépression et du deuil ; porté par une mise en scène discrète et élégante ; traversé de touchants élans de mélancolie voire de franche tristesse ; mû par de nombreuses images fortes ; nourri par son esthétique rurale et par un propos politique sous-jacent (coucou Monsanto), LOGAN déploie un récit adulte, centré sur ses personnages et leurs interactions. Certes, Mangold trébuche sur quelques effets spéciaux ratés, sur l’écriture maladroitement archétypale du vilain campé par Boyd Holbrook, voire sur les motivations – survolées – des antagonistes. Mais le cinéaste, qui s’intéresse avant tout à ses protagonistes, bâtit des enjeux simples, intimistes et universels, qui donnent vie à de surprenants instants de vérité humaine et émotionnelle. Là s’épanouissent de très belles prestations de Hugh Jackman et Patrick Stewart. LOGAN va au bout de sa démarche et existe par lui-même, en dehors de toute contingence de franchise. À l’instar de L’HOMME DES VALLÉES PERDUES (1953) qu’il cite directement, il est un portrait souvent bouleversant d’un homme dépassé par la violence qui régit son existence.

De James Mangold. Avec Hugh Jackman, Dafne Keen, Patrick Stewart. États-Unis. 2h15. Sortie le 1er mars

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