KONG : SKULL ISLAND : chronique

08-03-2017 - 09:47 - Par

KONG : SKULL ISLAND : chronique
Jordan Vogt-Roberts raconte King Kong à nouveau, dans un étrange mélange formel. Un conte moral spectaculaire.

Kong-PosterSkull Island est la geôle des guerriers. Qui vit par la violence vient y apprendre l’humilité. Il n’y a pas plus dominant en ces lieux que Kong, gorille géant. Il règne sur son île et sur son écosystème. Et si vous lui coupez la tête, qui sait quel autre monstre viendra dicter sa loi à la place ? L’Amérique s’extirpe à peine du Vietnam qu’une bande de scientifiques enrôle un bataillon, mené par un Lieutenant brûlant de violence (Samuel L. Jackson), pour poser des bombes sur Skull Island, et embauche un ancien des commandos anglais pour qu’il mène l’expédition (Tom Hiddleston, mal casté). S’incruste au débotté une journaliste pacifiste (Brie Larson). Le film ne fait pas de mystère : à peine tout ce petit monde approche le territoire en hélicoptère que Kong surgit, en pétard. KONG : SKULL ISLAND n’est pas GODZILLA, il n’est pas avare en moments de bravoure. Et d’ailleurs, même avant que le grand singe n’apparaisse, on a vite compris que le blockbuster de Jordan Vogt- Roberts – dont le premier film, KINGS OF SUMMER, avait certes le goût de l’aventure mais en version fauchée et coming of age story – se démarquera par l’image. Il y a du style partout, tout le temps : ça commence avec des plans en studio d’une artificialité sublime, ça enchaîne avec des effets pop-up que ne renierait pas un cinéma des 80’s qui citait avec force ricanement un cinéma des 60’s, et ça continue avec des airs de BD japonaises. Ne manquent que des onomatopées bondissantes pour que KONG : SKULL ISLAND soit vraiment du fun en barre. Les séquences d’action sont souvent l’occasion pour Jordan Vogt- Roberts d’expérimenter des mélanges esthétiques, des surgissements de couleurs et de pures abstractions. On voit rarement autant de tentatives formelles dans un super movie. Audacieux, le film l’est jusque dans certains de ses personnages qu’on croirait catapultés du cinéma de John Landis (mention spéciale à John C. Reilly). On s’attendait à un film de guerre 70’s à la APOCALYPSE NOW (la faute à trois plans d’hélico vaguement référentiels) mais KONG est plus ludique que ça, il est plus foutraque, plus looké. Il n’en oublie pas d’être politique : à être assoiffée de domination, à être obsédée par la recherche d’ennemis, à être convaincue que l’inconnu est un danger, l’Amérique crée du chaos écologique, géopolitique, humain, que seules des initiatives individuelles peuvent sauver. Le shared universe des monster movies est vraiment lancé : si les prochains films gagneraient sans doute à être écrits plus rigoureusement, difficile d’imaginer qu’ils puissent avoir autant de choses à dire et à partager par l’image.

De Jordan Vogt-Roberts. Avec Tom Hiddleston, Brie Larson, John Goodman. États-Unis. 1h50. Sortie le 8 mars

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