En revenant sur l’attentat du marathon de Boston, Peter Berg réalise son meilleur film à ce jour. Impressionnant en tout point.
Après avoir raconté comment Marcus Luttrell a réchappé au guêpier afghan dans DU SANG ET DES LARMES, puis comment BP a provoqué la plus grande catastrophe pétrolière dans DEEPWATER, Peter Berg complète sa trilogie « non-fiction » avec TRAQUE À BOSTON, récit de l’attentat perpétré par les frères Tsarnaev. À chacun de ses films, le réalisateur a parfait un peu plus le portrait d’une Amérique debout face aux conflits sans idéaux, aux catastrophes capitalistes ou aux attaques motivées par la seule haine de ce qu’elle représente. Un jeune flic qui craque pour une étudiante, un couple qui part admirer le finish d’un marathon, un ingénieur chinois qui profite de sa nouvelle vie occidentale… TRAQUE À BOSTON attend une bonne demi-heure avant de lancer les hostilités : il prend d’abord le temps de décrire l’insouciance et le bonheur d’anonymes, d’en faire nos amis. Ils nous sourient, vivent une journée normale, presque belle. Le sergent Pugliese (J.K. Simmons) pose sa cigarette sur le rebord de la fenêtre d’un Dunkin’ Donuts le temps de commander un café ; il sait que son mégot ne bougera pas, car qu’est-ce qui pourrait bien arriver ? Même Mark Wahlberg se paie le luxe de se bousiller un genou. Le 11-Septembre semble si loin… Ils n’ont aucune idée de l’imminente tragédie et happé par les nappes inquiètes et tragiques de Trent Reznor et Atticus Ross, le spectateur sait que tout va s’arrêter. L’immense talent de Peter Berg est là : rompu à raconter la banalité du quotidien dans la série FRIDAY NIGHT LIGHTS notamment, il filme comme personne la douceur de vivre, la sérénité que garantit l’Amérique à ses citoyens… pour soudain tout plonger dans le chaos. Quand les bombes des Tsarnaev explosent, Berg bascule dans un cinéma étonnamment graphique, captant l’horreur sans timidité. Le réalisateur organise ensuite une enquête chaotique, ne stigmatisant aucune erreur ou aucune incompétence mais soulignant l’insurmontable tâche et l’éclatement des services. Tout s’accélère, en colère. Les storylines commencent à se recouper, la narration devient précise, les dialogues mordants, le film se resserre et culmine dans une séquence de fusillade à couper le souffle. L’héroïsme du coin de la rue affronte le terrorisme amateur (les frères Tsarnaev sont montrés comme désorganisés et paniqués) et pourtant c’est la guerre, importée dans les quartiers résidentiels du Massachussetts, battus par les drapeaux américains. Le dénouement, tout le monde s’en souvient. Il n’est pas spectaculaire mais totalement abasourdi. Toute la fragilité et la force de l’Amérique gît là, dans le meilleur film de Peter Berg.
De Peter Berg. Avec Mark Wahlberg, John Goodman, Kevin Bacon. États-Unis. 2h09. Sortie le 8 mars
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