THE LOST CITY OF Z : chronique

15-03-2017 - 09:08 - Par

THE LOST CITY OF Z : chronique

Patient, exigeant et discret, THE LOST CITY OF Z camoufle un émouvant drame familial derrière un faux film d’aventures. Du grand Gray.

CityZ-PosterBien qu’inexplicablement ignoré des jurys de festivals ou des académies, et inconnu (ou presque) dans son pays, James Gray reste un des joyaux les plus précieux du cinéma contemporain. Un plan de son dernier film, THE LOST CITY OF Z, pourrait renvoyer directement au statut du cinéaste : son héros, le colonel Percy Fawcett (Charlie Hunnam, très bon), après une partie de chasse dont il est sorti victorieux, comprend que la haute société anglaise ne veut pas vraiment de lui, en dépit de ses exploits. Il se tient droit comme un i, seul dans une grande pièce bondée, un miroir déclinant son reflet à l’infini, dans l’obscurité. Un plan qui, en centrant son attention sur l’humain et ses désillusions, baigne immédiatement THE LOST CITY OF Z dans une grande mélancolie. Inspiré de faits réels, le film revient sur le destin de Fawcett, explorateur obsessionnel qui lutta pour prouver l’existence d’une civilisation ancienne et évoluée ayant vécu au cœur de l’Amazonie. Résolument actuel dans son propos sur la sagesse (sociale, humaine et écologique) de peuples rabaissés à de simples sauvages par des sociétés occidentales minées par un délire de supériorité, THE LOST CITY OF Z affirme également une grande modernité stylistique. Loin de la solennité guindée qui plombe nombre de reconstitutions, THE LOST CITY OF Z se fait souvent très contemporain, comme dans la partie de chasse pré-citée, dont la nervosité renvoie à la poursuite de LA NUIT NOUS APPARTIENT. La mise en scène élégante de Gray, la photo poétique de Darius Khondji ou la musique aux basses menaçantes de Christopher Spelman font patiemment entrer le spectateur dans l’obsession de Fawcett – à l’instar de l’ouverture du film, aussi mystérieuse qu’immersive. L’exaltation de la découverte et le poids écrasant de la jungle se font organiques, sensoriels, presque palpables. Pourtant, THE LOST CITY OF Z n’a rien d’une aventure épique et romantique à la David Lean, ni d’un délire fiévreux à la Werner Herzog. Par touches discrètes, et en dépit d’une gestion chaotique voire confuse du passage du temps, James Gray recadre lentement THE LOST CITY OF Z et sculpte ces faits réels pour les ramener à son cinéma. Peu importe le genre qu’il aborde en façade, Gray reste un cinéaste du mélodrame voire plus précisément du mélodrame familial. Peu à peu, le regard se décale alors de Percy à son épouse Nina (Sienna Miller, d’une abnégation bouleversante). Le cœur de THE LOST CITY OF Z bat en elle, jusqu’à ce dernier plan sublimement évocateur et pudique, peut-être le plus beau de toute la carrière de James Gray.

De James Gray. Avec Charlie Hunnam, Sienna Miller, Robert Pattinson. États-Unis. 2h20. Sortie le 15 mars

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