LA PLANÈTE DES SINGES – SUPRÉMATIE : chronique

01-08-2017 - 14:51 - Par

LA PLANÈTE DES SINGES - SUPRÉMATIE : chronique

La trilogie prequel de LA PLANÈTE DES SINGES se conclut en apothéose, avec violence, passion et une faim de cinéma folle.

Puisque la nouvelle franchise LA PLANÈTE DES SINGES converge vers la quasi- extinction des Hommes et la domination des Singes – voir le film original de 1968 –, le réalisateur Matt Reeves se trouve libéré de toute malice scénaristique et peut se consacrer entièrement à la force de son film. César, leader des singes, tend à tenir les siens éloignés des humains et de leurs assauts belliqueux. Après une attaque particulièrement mortelle, son pacifisme laisse place à une rage sans merci. Il part à la recherche du Colonel (Woody Harrelson), le meneur assassin des armées humaines. Avec lui, partent trois de ses plus fidèles amis, le chimpanzé Rocket, le gorille Luca et l’orang-outan Maurice. Tour à tour, film de guerre d’une violence indicible, western qui flamboie sous la neige vierge et escape movie – entre autres sous-genres électrisants –, LA PLANÈTE DES SINGES – SUPRÉMATIE respire l’envie de grand cinéma, avec ses plans majestueux, ses idées de mise en scène inspirées et une musique de Michael Giacchino qui convoque, sans jamais copier, les codes du cinéma épique. Car bien sûr, on pense à John Ford, évidemment on distingue LE PONT DE LA RIVIÈRE KWAÏ, mais on est surtout subjugué par l’ampleur thématique du film, son récit classique, canonique. Avec sa science-fiction apocalyptique, comme dans un éternel recommencement, Matt Reeves raconte la genèse d’un nouveau monde, dans un récit qui, quand il n’est pas de proportion biblique, vise une ligne claire archétypale shakespearienne. C’est ce qui rend le film profondément triste: il retentit de manière ultramoderne, avec des thèmes qui sont pourtant universels et intemporels – ségrégation, bellicisme, exodes… Dans ses ambitions narratives et formelles, SUPRÉMATIE est totalement indémodable. D’une part, il s’agit du récit de tous les récits ; le film fait constamment référence aux pires périodes de l’humanité qu’il s’agisse de l’esclavage, du Vietnam ou du massacre des Amérindiens, comme s’il encapsulait le passé pour mieux prévenir le futur ; de l’autre, le studio d’effets spéciaux Weta est arrivé à une telle excellence dans la performance capture que plus rien ne contrarie notre suspension d’incrédulité – et surtout pas les performances des interprètes des singes, Andy Serkis en tête. Ce monde n’est plus de la science-fiction, c’est celui de demain. Alors même qu’il regarde les Hommes courir à leur perte avec autant de désolation que de soulagement, SUPRÉMATIE prend parfois le parti du rire comme politesse du désespoir. Un rire tendre, rusé, intelligent. Le signe d’une écriture aussi élégante que puissante pour ce qui sera probablement le meilleur blockbuster de l’année.

De Matt Reeves. Avec Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn. États-Unis. 2h22. Sortie le 22 août

5EtoilesRouges

 

 

 

 

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