BARRY SEAL – AMERICAN TRAFFIC : chronique

13-09-2017 - 11:32 - Par

BARRY SEAL - AMERICAN TRAFFIC : chronique

Quand Tom Cruise joue les rigolos, c’est l’Amérique qui prend un sacré coup dans le drapeau. Un film flamboyant.

Tom Cruise est décidément fascinant à regarder lorsqu’il est dirigé et canalisé. Doug Liman avait déjà parfaitement torturé le triomphalisme cruisien dans EDGE OF TOMORROW et il remet ça avec BARRY SEAL – AMERICAN TRAFFIC, où il projette sur l’acteur toute l’hypocrisie américaine typique des années 70 et 80. Nous sommes fin 1985, six mois avant que le glorieux TOP GUN ne sorte au cinéma : Tom Cruise, dans la peau de Barry Seal, confesse, penaud et face caméra, sept ans de petits arrangements de la CIA avec ses agissements illégaux de trafic de drogue. Lui, l’ancien pilote de ligne qui créait lui-même des turbulences pour pimenter les longs trajets, est récupéré par les services secrets pour photographier depuis son avion les territoires d’Amérique du Sud, là où « l’Amérique crée des nations », lui dit-on. Fort de ces passe-droits, Barry attire l’attention des cartels colombiens qui comptent sur lui pour passer leur cocaïne jusqu’en Floride. Il devient donc une sorte d’agent double, golden boy d’une géopolitique foireuse, produit jetable d’une relation dégénérée entre les États- Unis et l’Amérique du Sud. Car ce qui ne marchait pas trop mal sous Jimmy Carter va salement dérailler sous Ronald Reagan. Utiliser Tom Cruise, son assurance, son sourire immaculé, comme critique du dirigisme américain ? L’idée resplendit sur deux heures, sans jamais faiblir. D’autant que si en lui-même, Tom Cruise n’a pas de fort pouvoir comique (voir LA MOMIE), mettez-lui des situations grotesques dans les jambes ou des dialogues futés en bouche et il propage un rire sincère. Entraînant et rock’n’roll, le film est souvent aussi bien emballé qu’un article fleuve de Rolling Stone. Si BARRY SEAL – AMERICAN TRAFFIC est le portrait politique d’une époque, son caractère métatextuel permet aussi le commentaire de cette époque et de la manière dont on fantasme aujourd’hui le libéralisme des 80’s. Reste à savoir si la petite misogynie du film (celle qui voit les épouses s’asseoir sur leurs principes pour un gros diamant) existe pour refléter le machisme de l’époque ou si c’est un vrai raté d’écriture… Ce n’est pas la seule paresse du film : les histoires de cartels colombiens et de passeurs américains ont du mal à nous surprendre encore. Il n’y a rien qui ressemble plus à une menace d’Escobar qu’une autre menace d’Escobar… Mais de manière générale, Doug Liman s’attaque aux passages obligés avec panache et fait de cette histoire vraie un film sacrément malin.

De Doug Liman. Avec Tom Cruise, Sarah Wright, Domhnall Gleeson. États-Unis. 1h55. Sortie le 13 septembre

3Etoiles5

 

 

 

 

 

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