THE PREDATOR : chronique

16-10-2018 - 20:27 - Par

THE PREDATOR : chronique

Des Predators, d’anciens soldats et des scientifiques se traquent les uns les autres : généreux et amusant, THE PREDATOR manque de rigueur et de substance.

 

« Le pire avec la fin des temps, c’est qu’elle n’arrive jamais », maugrée un des anti-héros de THE PREDATOR. Une attente vaine, que l’on ressent aussi devant ce nouveau volet de la franchise, dont on guette fébrilement qu’il parvienne à décoller au-dessus de la simple gaudriole. Certes, la gaudriole est plutôt de qualité. Le film ne vise clairement pas le sérieux et le prouve dès ses premières secondes, en refaisant STAR WARS (des étoiles, un panotage de la caméra, un vaisseau qui passe) avec des effets spéciaux plus proches de ceux de BATTLESTAR GALACTICA que d’un blockbuster à 150 millions. Pendant près d’une heure, Shane Black et son coscénariste Fred Dekker (un vieil ami, dont il avait co-écrit THE MONSTER SQUAD en 1987), s’éver- tuent à recenser tous les codes de l’actioner pour soigneusement les détourner, voire les ridiculiser. Les protagonistes sont des misfits déglingués de la caboche, dépressifs ou couards. Le savant fou dégouline d’une arrogance malfaisante que rien ne vient racheter – incroyable Sterling K. Brown, qui nourrit parfaitement le ton narquois du film. On déclame des discours inspirants raillés la seconde d’après. On se moque du nom de la créature-titre – « Un prédateur ne tue sa proie que pour vivre. On devrait l’appeler The Hunter. » On brocarde la virilité sexy du héros – une improbable scène à moto. Porté sur un humour très idiot et potache – un des soldats est atteint du syndrome de La Tourette, source d’interjections sexuelles qui feront beaucoup rire les moins de 12ans –, THE PREDATOR a tout d’une parodie. Malheureusement, Shane Black ne va pas au-delà de cette insolence. Pire, il l’abandonne dans le dernier tiers, accumulation classique, guindée et fonctionnelle de moments de bravoure. Loin de THE NICE GUYS, il peine aussi à donner une vraie chair à ses personnages – exception faite de ceux campés par Trevante Rhodes et Keegan-Michael Key, émouvants quand ils se dévoilent. Quant à l’intrigue, elle n’a aucun sens – on croit parfois même avoir manqué le début. Ce manque d’épaisseur dramaturgique et de substance turlupine parce qu’on attend forcément davantage de la part d’un post-moderniste comme Shane Black. La créature sanguinaire qui arpente la banlieue résidentielle; le rapport de l’enfant à la figure du monstre sont autant de thèmes réflexifs contenus en germe dans l’histoire, mais pas même effleurés. On doit donc se contenter d’un spectacle qui compense sa vacuité par une grande générosité – en gore, notamment. Pas sûr que cela suffise pour passer l’épreuve du temps, mais ça assure au moins de passer un agréable moment. 

De Shane Black. Avec Boyd Holbrook, Olivia Munn, Jacob Tremblay. États-Unis. 1h47. Sortie le 17 octobre

2Etoiles

 

 

 

 

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