MILLÉNIUM – CE QUI NE ME TUE PAS : chronique

14-11-2018 - 09:48 - Par

MILLÉNIUM - CE QUI NE ME TUE PAS : chronique

Ce soft reboot de MILLÉNIUM aimerait être une étude de personnages mais n’est au final qu’un banal thriller d’espionnage à l’intrigue rebattue mais efficace.

 

Après le MILLÉNIUM : LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES FEMMES réalisé par David Fincher en 2011 et dont les recettes ont été jugées insuffisantes, Sony a préféré ne pas adapter les deux tomes suivants de la trilogie de romans créée par Stieg Larsson. Sept ans plus tard, le studio effectue en revanche un soft reboot – dans la continuité narrative mais avec une autre équipe – en portant à l’écran « Ce qui ne me tue pas », quatrième volet de la saga littéraire, écrit par David Lagercrantz après la mort de Larsson. Aux commandes le protégé de Sam Raimi, l’Uruguayen Fede Alvarez qui, avec le remake de EVIL DEAD et le thriller DON’T BREATHE, avait démontré un certain talent visuel. Passer après David Fincher n’a rien d’une mince affaire et si Alvarez n’a évidemment ni le brio, ni la méticulosité ou l’élégance de son aîné il bâtit ici une esthétique plutôt convaincante. CE QUI NE ME TUE PAS est parsemé de belles idées de mise en scène (dans la deuxième séquence, le décalage d’une caméra venant surprendre le spectateur) mais c’est encore dans la pure imagerie, cinétique et rentre-dedans, qu’Alvarez excelle le plus : plan-séquence virtuose, poursuite à moto dynamisée par de multiples travellings compensés, iconisation constante de Lisbeth Salander, plans ‘impossibles’ etc. CE QUI NE ME TUE PAS a de la gueule, à défaut d’avoir une véritable identité – la lumière froide, bleue et métallique, singe celle du Fincher. Malheureusement, tous les efforts d’Alvarez ne suffisent pas à rendre intéressant un scénario rebattu. La deuxième séquence de CE QUI NE ME TUE PAS s’intéresse aux agissements de vigilante de Lisbeth, sorte d’ange de la mort du patriarcat qui venge violemment femmes battues et humiliées d’hommes abusifs et prédateurs. Quelques minutes qui contenaient les germes d’une histoire formidable, intime et très actuelle. CE QUI NE ME TUE PAS choisit de n’en faire que de la caractérisation et préfère partir sur une intrigue d’espionnage et de logiciel informatique contrôlant le parc mondial de missiles nucléaires. Une histoire qu’on croirait sortie d’un JAMES BOND ou d’un MISSION : IMPOSSIBLE, l’ampleur en moins. CE QUI NE ME TUE PAS aimerait bien faire de cette intrigue un pur McGuffin cachant un portrait de Lisbeth et une exploration de son passé trouble. Sauf que l’histoire prend au final trop de temps et trop de place pour que le pan plus personnel soit crédible et qu’il ait la moindre résonance émotionnelle. Et ce, en dépit d’une prestation assez remarquable, toute en puissance physique et en mutisme contrit, de l’épatante Claire Foy. 

De Fede Alvarez. Avec Claire Foy, Sylvia Hoeks, Lakeith Stanfield. États-Unis. 1h52. Sortie le 14 novembre

2Etoiles

 

 

 

 

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