Cannes 2019 : LES SIFFLEURS / Critique

19-05-2019 - 11:30 - Par

Cannes 2019 : LES SIFFLEURS

De Corneliu Porumboiu. Sélection officielle, Compétition.

 

Synopsis officiel : Cristi, un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra libérer en Roumanie un mafieux de prison et récupérer les millions cachés. Mais l’amour va s’en mêler et rien ne se passera comme prévu…

 

Après LE TRÉSOR au Certain Regard en 2015, Corneliu Porumboiu revient à Cannes avec LES SIFFLEURS, mais cette fois dans la section suprême : la compétition. Soyons brutalement honnêtes : on se demande bien pourquoi. Non pas que la nouvelle réalisation du cinéaste roumain soit indigente ou désagréable. Avec son histoire de flic corrompu, de malfrat emprisonné qu’il faut libérer, de mafieux espagnols maîtrisant un ancestral langage sifflé, Porumboiu tente de livrer un pur exercice de cinéma populaire. Le récit va plutôt vite, le réalisateur le déroule avec une certaine malice et une narration éclatée en segments présentés de manière non chronologique – à la PULP FICTION. On pourra même se délecter de la prestation apathique de Vlad Ivanov en flic dépassé par ses allégeances et par l’amour chevaleresque, presque distant, qu’il porte à la compagne de son patron malfrat – une pure femme fatale fantasmatique de film noir. Pourtant, la sauce ne prend jamais vraiment. Tout d’abord parce que rien dans le récit ne vient surprendre, contredire les passages obligés d’une histoire évoluant dans un genre au final très balisé. Les réactions des personnages sont attendues, un peu artificielles, sans pour autant que LES SIFFLEURS ne prenne les atours d’une réflexion méta ou parodique. Conté, filmé et donc reçu au premier degré, avec tout ce que son récit comprend néanmoins de comédie, le film apparaît banal, manquant cruellement de folie et d’idées. D’autant que la mise en scène de Porumboiu, globalement fonctionnelle et en dépit d’un travail plutôt réussi sur la lumière et les couleurs, ne fait pas grand-chose pour sublimer son sujet ou lui insuffler un surplus de romanesque. L’idée centrale du film, la communication via un langage sifflé permettant d’échapper aux conventions, aux codes et aux faux-semblants des relations verbales, n’est quant à elle jamais suffisamment exploitée pour faire figure de propos véritablement développé – ou même exposé. Passé les quelques premiers rires et le charme de l’inconnu, LES SIFFLEURS s’embourbe dans un ronron qui mène inexorablement vers l’ennui. Peut-être que, visionné en dehors de la compétition cannoise, le film pourrait gentiment et discrètement divertir avant d’être oublié. Mais dans le cadre du Festival, il apparaît avant tout comme un film extrêmement mineur guère à sa place.

De Corneliu Porumboiu. Avec Vlad Ivanov, Catrinel Marlon, Rodica Lazar. Roumanie. 1h38. Prochainement

 

 

 

 

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