Annecy 2019 : BUÑUEL APRÈS L’ÂGE D’OR / Critique

12-06-2019 - 21:19 - Par

Annecy 2019 : BUÑUEL APRÈS L’ÂGE D’OR / Critique

Adapté de la bande-dessinée de Fermin Solis, le film de Salvador Simo permet de revenir sur le tournage du seul documentaire de Buñuel, entre crudité et surréalisme.

 

Tout a bien failli s’arrêter en 1930. Du moins pour Luis Buñuel. La projection de L’ÂGE D’OR, œuvre anticléricale et antibourgeoise, a provoqué un immense tollé de Paris jusqu’au Vatican. Le cinéaste est autant admiré que conspué mais est surtout ruiné et rejeté, plus personne ne souhaite le financer. C’est ainsi que commence BUÑUEL APRÈS L’ÂGE D’OR de Salvador Simo. Adapté de la bande-dessinée de Fermin Solis, le film d’animation retrace une période finalement peu connue de l’auteur de BELLE DE JOUR. Celle du tournage de son unique documentaire, TERRE SANS PAIN, qui permettra au réalisateur de se remettre au travail et de se lancer dans un nouveau registre, à la fois thématique et visuel. Et l’animation ne nous épargne rien. Sur un rythme relativement rapide, le long-métrage s’attache à dépeindre le cinéaste comme un homme passionné, intense, intransigeant et totalitaire quand il s’agit de l’art. Prêt à tout pour avoir la bonne scène, il n’hésite pas à sacrifier chèvre et âne ou à recréer la mort d’un enfant pour atteindre son but : choquer le spectateur. Car en filmant les habitants miséreux de la région des Hurdes, Buñuel cherche à dénoncer une situation atroce, certes, mais aussi à faire ce qu’il a toujours fait, obliger le spectateur à se poser la question de son regard ainsi que de la place qui lui est assignée. Dans cet envers du décor à la fois réaliste et fantasque, Salvador Simo montre que cette exigence vis-à-vis de son art, le réalisateur, parfois inconséquent, surtout avec l’argent des autres, et troublé par des résurgences du passé, l’a aussi vis-à-vis de lui-même et de son entourage. Avec une certaine grâce, un dessin en 2D sûr et doux dans ses couleurs, BUÑUEL APRÈS L’AGE D’OR offre un making-of inhabituel et spécial à un film qui l’est tout autant. 

De Salvador Simo. Avec Jorge Usón, Fernando Ramos. Espagne. 1h20. Sortie le 19 juin

3Etoiles

 

 

 

 

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