Annecy 2019 : VILLE NEUVE / Critique

14-06-2019 - 18:22 - Par

Annecy 2019 : VILLE NEUVE / Critique

Très épuré, le nouveau film de Félix Dufour-Laperrière questionne la foi en un idéal et le renoncement qui unissent les problématiques d’un couple et d’une nation.  

 

Lier l’intime et le général. Ce n’est pas rare dans le cinéma mais peu le font avec la poésie de VILLE NEUVE. Le deuxième long-métrage de Félix Dufour-Laperrière après TRANSATLANTIQUE, se passe dans une maison au bord de l’eau, en Gaspésie. C’est là que Joseph a trouvé refuge. Dans cet antre des instants de bonheur passé, il tente de le retrouver et d’en finir avec cet alcoolisme qui le ronge et qui lui a mis à dos femme et enfant. Emma, à sa demande, le rejoint. Le tout se passe alors que le Québec est en plein référendum de 1995 – qui doit conditionner sa souveraineté. Encore une séparation. La question s’était déjà posée en 1980 : Emma et Joseph s’étaient battus, plein d’idéaux. Déçus, il avait sombré dans l’amertume, elle n’avait pas baissé les bras. Une nouvelle chance se profile ici. Pour eux. Pour le Québec. Mais peut-on reconstruire sur les ruines d’un instant disparu ? Peut-on retrouver le feu sacré d’un idéal enfoui et enfui ? Dans un langage particulièrement châtié, ces personnages de poètes tentent d’y croire à nouveau. Le film aussi l’est, châtié, avec son esthétique très épurée grâce à l’encre sur papier, qui a nécessité quatre de travail et pas moins de 80 000 dessins. Le rythme, fluide mais un peu âpre, déroute parfois un peu, au risque d’en perdre quelques-uns au passage, mais les plus insistants sont récompensés par la poésie inhérente à ce long-métrage subtil où la mer vient et se retire avec son lot d’espoirs et de désillusions. Librement adapté d’une nouvelle de Raymond Carver, VILLE NEUVE cite aussi Tarkovski avec une scène redessinée d’ANDREÏ ROUBLEV qui rappelle que, jusque dans le marasme le plus absolu, il ne faut pas renoncer. Même si tout ne peut être sauvé.

De Félix Dufour-Laperrière. Avec les voix de Robert Lalonde, Johanne Marie Tremblay, Théodore Pellerin. Canada. 1h16. Sortie le 26 juin

3Etoiles

 

 

 

 

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