RAMBO – LAST BLOOD : chronique

24-09-2019 - 15:58 - Par

RAMBO – LAST BLOOD : chronique

Sylvester Stallone retrouve l’un de ses deux personnages emblématiques pour un néo-TAKEN qui, à défaut de rigueur et de profondeur, propose quelques moments de spectacle.

 

Sylvester Stallone nous avait prévenus : le John Rambo de LAST BLOOD n’est pas tout à fait le même que celui des précédents films. La raison ? L’âge. Bien sûr, le vétéran du Vietnam se bat encore contre ses démons – et notamment un syndrome de stress post-traumatique qu’il tente d’endormir avec des cachetons –, il essaie toujours de trouver sa place dans la société. Mais non, John Rambo n’est plus tout à fait le même et la transformation que propose Stallone dans le prégénérique convainc : le vétéran y officie en tant que pisteur bénévole pour les autorités, cherchant des randonneurs acculés dans les bois par un ouragan. Là, dans une forêt pluvieuse comme écho à celle du premier film et à la jungle du Vietnam, tous les traumas et les luttes intérieures de Rambo viennent hanter l’écran : son obsession de racheter la mort de ses frères d’armes qu’il n’a pas pu sauver, son désir d’affirmer son rôle dans le tissu social, son besoin d’oublier la violence et la mort pour faire acte de vie. À dire vrai, si l’on ne doit jamais critiquer un film pour ce qu’il aurait dû/pu être mais chroniquer ce qu’il est, impossible de ne pas penser que cette idée formidable, à peine exploitée le temps de quelques minutes, aurait sans doute donné un film merveilleux, tiraillé entre le crépusculaire et l’espoir. Surtout si Stallone, artiste sentimental, l’avait lui-même réalisé. Mais LAST BLOOD oublie très rapidement cette piste et dérive sur tout autre chose. Tout à coup, l’écriture se fait forcée, des dialogues exposent et expliquent des enjeux que l’on connaît depuis le tout premier volet, sorti il y a plus de 35 ans.

John Rambo est rentré chez lui mais le cœur n’y est pas vraiment. Il partage son ranch avec Maria et la petite fille de celle-ci, Gabrielle, qu’il a élevée comme sa progéniture. Lorsqu’elle part au Mexique pour trouver son père biologique, la jeune femme se retrouve prisonnière d’un réseau de prostitution… Difficile de comprendre pourquoi Sylvester Stallone a souhaité faire de ce dernier volet – il se conclut par des images des quatre précédents, chant du cygne évident – une sorte de néo-TAKEN où Rambo userait de son syndrome post-traumatique comme vecteur de sa rage vengeresse. Le personnage ne semble jamais vraiment à sa place : pas uniquement en conflit avec le monde, mais en totale déconnection. Un décalage sans aucun doute voulu – et qui, dans le cadre de la saga, reste assez pertinent – mais qui, à l’image, fait de ce LAST BLOOD un objet à contre-temps. Peut-être parce que le monde autour de Rambo n’a guère de consistance : les antagonistes n’existent qu’en tant que stéréotypes et le récit multiplie passages obligés et raccourcis. Stallone, parce qu’il demeure l’une des plus grandes stars fantasmatiques de ces 50 dernières années, tient la baraque sur ses larges épaules, son visage buriné et fatigué comme un paysage mélancolique à lui seul. Mais le réalisateur Adrian Grunberg et sa mise en scène fonctionnelle – ou sur-découpée dans l’action – ne tirent jamais vraiment parti de la montagne physique, émotionnelle, visuelle qu’est l’acteur. LAST BLOOD n’a alors donc plus qu’à s’assumer en série B : à mi-parcours, Rambo, hanté par la peine, laisse exploser sa rage. Il convoque le Joaquin Phoenix de A BEAUTIFUL DAY et les envolées sanglantes de JOHN RAMBO pour trente grosses minutes d’ultra-violence. Un déluge de sang et de fureur qui, à défaut d’avoir été réellement construit dramaturgiquement, assure le spectacle et, par moments, amuse sans complexe. Reste que John Rambo aurait mérité sortie de scène plus rigoureuse et habitée.

De Adrian Grunberg. Avec Sylvester Stallone, Paz Vega, Yvette Monreal, Adriana Barraza. États-Unis. 1h29. Sortie le 25 septembre

 

 

 

 

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