FÉLINS : chronique + Interview des réalisateurs Alastair Fothergill et Keith Scholey

01-02-2012 - 08:58 - Par

C’est l’histoooooire de la vie… de lions et guépards, dans la savane africaine. Touchant et visuellement splendide.

Kenya. Une famille de lions tente de contrecarrer les plans d’invasion d’un clan rival, tandis qu’une mère guépard élève ses petits contre vents et marées. En ces temps d’écolo-responsabilité, les documentaires nature nous parviennent en cascade. Les spectateurs peu portés sur les œuvres pompeuses ou culpabilisatrices comme HOME ou LE SYNDROME DU TITANIC peuvent ici se détendre. FÉLINS est aux mains de deux maîtres du genre : Alastair Fothergill et Keith Scholey qui, sur la BBC, ont réalisé et/ou produit certains des docu les plus fascinants et impressionnants jamais vus, comme la série PLANÈTE TERRE. Si Scholey fait ici ses premiers pas derrière une caméra de cinéma, il peut compter sur le savoir-faire de Fothergill, qui avec ses opérateurs, capte des images toujours aussi folles et sublimes, et possède également un sens transcendant du cadre et du montage. Bien que scénarisé, FÉLINS évite le piège narratif de l’anthropomorphisme (contrairement à LA MARCHE DE L’EMPEREUR) et instruit, autant qu’il émeut et éveille. Seul bémol : la cible familiale pousse les cinéastes à couper les images les plus dures et à naviguer en terrain légèrement candide. On se consolera en pouvant partager ce formidable spectacle éducatif avec nos bambins.

D’Alastair Fothergill et Keith Scholey. Narré par Pascal Elbé. Sortie le 1er février

Alastair Fothergill et Keith Scholey

Pour la BBC, ils ont livré des bijoux du documentaire animalier, à l’instar des incroyables séries PLANÈTE BLEUE et/ou PLANÈTE TERRE. Ensemble, ils réalisent aujourd’hui le superbe FÉLINS pour Disney Nature. Rencontre avec deux monstres sacrés du genre.

Vous êtes mondialement reconnus pour votre travail sur la BBC. Quel était l’intérêt pour vous de collaborer avec Disney sur un long-métrage de cinéma ?

Alastair Fothergill : Une série comme PLANÈTE TERRE a été vue par plus de gens que n’importe quel film. Je n’abandonnerai donc jamais la télé. En parallèle de FÉLINS, j’ai d’ailleurs fait FROZEN PLANET pour la BBC. Mais la différence est le pouvoir du grand écran. Et puis, sur une série comme PLANÈTE TERRE, vous devez aller quelque part, et filmer quelque chose d’extraordinaire. Ce n’est pas facile, évidemment. Mais sur un film comme FÉLINS, vous devez choisir des animaux très spécifiques, et attendre qu’ils fassent quelque chose d’extraordinaire, afin de raconter une histoire.

Du fait que FÉLINS a un récit, on a toujours tendance à croire qu’il y a de la filouterie, dans le montage notamment…

AF : Il n’y a aucune tromperie. Au cinéma, aujourd’hui, il y a beaucoup d’artifice, d’effets spéciaux, de trucage. Mais nous sommes très clairs là-dessus : dans FÉLINS, nous suivons réellement des individus précis pendant deux ans. Cela donne un film aussi bon, si ce n’est meilleur, qu’avec n’importe laquelle des filouteries.

KS : Et puis, quand vous fixez votre caméra pendant deux ans sur un lion ou un guépard, cela devient presque plus facile, car cela permet de concentrer les efforts. Après, évidemment, nous devons sélectionner les images car beaucoup ne concordaient pas avec notre récit.

Justement, comment parvenez-vous à penser un scénario ? Est-ce qu’il vient à mesure que vous filmez ?

KS : C’est un processus en perpétuelle évolution. En fiction, c’est avec de bons personnages qu’on obtient une bonne histoire. Nous, on ne peut pas contrôler l’histoire, mais on peut choisir nos personnages. Donc on les cherche, on tâtonne… Nous avions trouvé un lion très puissant, qui s’est avéré ennuyeux, car il était presque invincible. Une fois que vous avez trouvé les bons spécimens, le récit suit. En fait, choisir un animal, c’est comme placer un pari.

Vous parvenez à éviter l’anthropomorphisation. C’est une condition sine qua non pour vous ?

AF : Complètement. Cela dit, je pense que n’importe quelle mère s’identifiera à la lionne Layla ou au guépard Sita. Au final, c’est ce qu’on cherche : que le public s’engage émotionnellement. On laisse le public anthropomorphiser les animaux, mais nous, on se refuse à le faire directement.

La cruauté de la nature n’est pas graphique dans FÉLINS. Était-ce imposé par la cible familiale du film ?

KS : Je crois que les adultes sont en fait plus sensibles à la cruauté de la nature que les enfants. Après, selon moi, quand vous connaissez l’issue d’une situation, pourquoi la montrer dans toute son horreur ? Au cinéma, je crois qu’il ne faut montrer au public que ce qu’il a besoin de savoir pour saisir l’histoire. D’autant qu’on n’a pas besoin de ça pour saisir la brutalité et la dangerosité d’un lion ou d’un guépard.

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