Un assaut qui tourne mal. Trente étages en otage et pas mal de dommages collatéraux pour THE RAID, phénomène venu d’Indonésie qui se révèle être le film d’action le plus offensif de l’année.
Ne pas survendre THE RAID, grosse bête de festival dont l’inoxydable buzz se répand comme une traînée de poudre depuis des mois, s’avère extrêmement compliqué. Car ce n’est pas l’envie qui manque de dégainer à tout-va du superlatif de gros calibre. En même temps, on ne voit pas pourquoi on s’en priverait, tant le film de Gareth Evans (MERANTAU) fait partie de cette catégorie rare de messie cinématographique qui vous convertit en moins de deux. À grands coups de pompes dans la tronche, il s’entend. Alors autant dire que THE RAID ne fait pas dans la délicatesse et ne perd pas de temps en politesse pour enfermer un commando venu déloger un baron de la drogue de son Q.G. Un piège de béton de 30 étages assailli par un ennemi en surnombre avec lequel il va falloir batailler à mort pour espérer sortir. Un pitch volontairement minimaliste pour une péloche d’exploitation maximale, hargneuse et désireuse de montrer ce qu’elle a dans le ventre. Et dès lors que les hostilités sont lancées, le spectacle – violent et baroque – ne s’arrête plus pendant 1h40 de combats brutaux et de démolition massive livrés avec une démesure comme on n’en avait plus vu depuis les dernières grandes heures du cinéma d’action hongkongais. Un héritage de haut niveau parmi d’autres références du même acabit, jamais vampirisantes malgré leur quantité. Le réalisateur ayant su les digérer pour mieux en livrer un condensé jouissif, manipulé avec une main d’expert : cadrages millimétrés, gestion de l’espace aiguisée, lisibilité du montage imparable et chorégraphies démentielles réglées comme du papier à musique… Mais bien plus qu’une simple bande démo du type ONG-BAK se destinant à promouvoir le pencak-silat (l’art martial indonésien), THE RAID n’oublie pas ses autres prérogatives. Comme proposer un héros, fragile mais indestructible, viable (Iko Uwais plus charismatique que Tony Jaa), des bad-guys dangereux sous tout rapport (le bien nommé Mad Dog) ou une atmosphère suffocante à souhait. Ce qui nous vaut une belle montée en puissance de la tension toujours plus exponentielle remplissant parfaitement sa mission : en foutre plein la gueule à son public, pris par une fièvre galopante d’excitation presque incontrôlable. Probablement l’ultime récompense pour les généreux géniteurs de cette bobine maousse costaude prétendant avoir gardé le meilleur pour la (future) suite allant se dérouler à l’air libre et mettre à feu et à sang les rues de Jakarta. Si c’est le cas, notre impatience est déjà à son comble !
De Gareth Evans. Avec Iko Uwais, Yayan Ruhian, Joe Taslim. Indonésie. 1h41. Sortie le 20 juin
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