DOPE : chronique

04-11-2015 - 17:34 - Par

DOPE : chronique

Vivier de jeunes talents à suivre de près, DOPE, production Pharrell Williams, est une comédie sociale et, plus important, drôle.

Dope-PosterMalcolm (exceptionnel Shameik Moore) est un geek dans le quartier dur d’Inglewood à Los Angeles. C’est une tête, et aussi un gars cool, fan de la culture des 90’s – niveau fringues, cheveux et musique. Il a toujours réussi à se protéger des dealers et des gangs. Mais alors qu’il bataille pour intégrer la prestigieuse université d’Harvard, la vie va l’amener du côté obscur et toxico d’Inglewood. « Coming of age movie » hyper drôle (vannes assassines, rythme emballé, humour de situation imparable…), DOPE est surtout un héritier du cinéma extraverti des années 90, des films de Quentin Tarantino à ceux des jeunes Peter Berg ou Doug Liman : personnages frappadingues et dangereux, péripéties rocambolesques, musique indissociable de l’histoire, gimmicks de clips, pinaillages philosophiques et fin en regard caméra… Il y a de la vie dans DOPE, une énergie brûlante et surtout une grande modernité. Rick Famuyiwa, réalisateur quadragénaire, a capté quelque chose de l’époque et aussi de son pays, dans la démocratisation du succès et l’image rock’n’roll de la méritocratie. On y parle bitcoin, dark web, et pourtant le film est fièrement ancré dans le bitume et dans des problématiques concrètes de la jeunesse. DOPE est gentiment schizophrène, comme Malcolm qui fera un apprentissage crucial : même si on s’y sent étranger, le lieu d’où l’on vient fait intrinsèquement partie de soi. Il faut toutefois avoir suffisamment de recul pour apprivoiser cet héritage. Si Malcolm redouble d’ironie face aux gangs et aux mauvais garçons de son quartier, la blague peut vite virer au drame. C’est toute l’intelligence du scénario : montrer, avec légèreté et sans paternalisme, que le crime est à portée de main, que la violence peut guetter au bout d’un dérapage furtif. DOPE n’est pas un film communautaire dans le sens « replié » du terme et ce « Nerds in the hood », mâtiné de SCOTT PILGRIM, parle d’une communauté des quartiers durs bien plus diverse et rayonnante que le cinéma ne la montre habituellement. Il faut dire que Rick Famuyiwa a réuni un casting de jeunes comédiens aussi talentueux que lumineux : outre Shameik Moore (en voie évidente d’explosion), on compte Keith Stanfield (fameux Snoop Dogg dans STRAIGHT OUTTA COMPTON), Zoë Kravitz (MAD MAX FURY ROAD), Kiersey Clemons (TRANSPARENT), Tony Revolori (GRAND BUDAPEST HOTEL) ainsi que les rappeurs A$AP Rocky et Tyga, surprenants devant la caméra. Rajoutez Pharrell en producteur – garantissant une bonne dose de cool –, et DOPE est l’un des films les plus pop et malicieux de l’année.

De Rick Famuyiwa. Avec Shameik Moore, Tony Revolori, Kiersey Clemons. États-Unis. 1h45. Sortie le 4 novembre

4Etoiles

 

 

 

 

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