ÇA – CHAPITRE 2 : chronique

10-09-2019 - 12:54 - Par

ÇA - CHAPITRE 2 : chronique

En partie écrasé par un devoir d’efficacité, ÇA – CHAPITRE 2 perd en charme et en identité ce qu’il gagne en spectacle.

 

Vingt-sept ans après avoir fait reculer Pennywise, le Club des Losers s’est éparpillé tout autour des États-Unis. Tous sauf Mike, resté à Derry pour surveiller l’hypothétique retour de la créature. Lorsque celle-ci refait surface, il convoque ses anciens amis pour tenir leur promesse : tuer Ça une bonne fois pour toutes. Mais leur mémoire des événements est floue… « Nous sommes ce que nous aimerions parfois oublier », assène en voix-off un des protagonistes de ÇA – CHAPITRE 2. Le deuxième volet du diptyque adapté de Stephen King aimerait ériger cette réplique en note d’intention, se positionner en étude de personnages et de leurs traumas. Être, en somme, un compagnon idéal d’un CHAPITRE 1 qui, loin des recettes putassières, s’affichait en récit initiatique patient et exigeant, en portrait mélancolique et romanesque de l’enfance – sa cruauté, ses peines et ses douleurs. Malheureusement, CHAPITRE 2 ne convainc pas de manière aussi évidente et brillante que son prédécesseur. Non pas qu’Andy Muschietti réalise un film d’horreur lambda comme le cinéma contemporain en balance, de manière industrielle, presque tous les mois. L’identité visuelle de CHAPITRE 2 s’avère moins marquante et dense sans Chung Chung-hoon (chef opérateur du CHAPITRE 1, ici absent), mais le cinéaste confectionne tout de même plusieurs beaux moments de mise en scène (le meurtre homophobe d’Adrian Mellon ou la fête foraine) et dirige un ensemble d’acteurs convaincants, livrant des prestations remarquables – Bill Hader se révèle particulièrement fascinant à regarder évoluer entre humour, terreur et sentimentalisme. Le problème de CHAPITRE 2 ne réside pas tant dans ses intentions mais plutôt dans sa mission inhérente, à laquelle il ne peut échapper : conclure l’histoire de ÇA et de ses personnages. Une tâche ingrate, dont Andy Muschietti et le scénariste Gary Dauberman ne surmontent pas les pièges. Avançant inexorablement vers sa conclusion, CHAPITRE 2 oublie en chemin d’être un film à part entière, tout comme CHAPITRE 1 avait su l’être, ménageant respirations et moments d’errance dans le récit. Construit sur une alternance trop mécanique entre présent et passé, il tombe vite dans la redondance et tente de compenser avec une surenchère de spectacle parfois maladroite, étirant le métrage à une durée inutilement homérique (2h45 !). Dans ce tourbillon d’images et de sons en quête effrénée d’efficacité, CHAPITRE 2, bien qu’il se hisse largement au-dessus du tout-venant, manque globalement de charme, incapable d’établir une réelle connexion émotionnelle avec le spectateur.

D’Andy Muschietti. Avec Jessica Chastain, James McAvoy, Bill Skarsgård. États-Unis. 2h45. Sortie le 11 septembre

3Etoiles

 

 

 

 

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