PETITE MAMAN : chronique

01-06-2021 - 20:28 - Par

PETITE MAMAN : chronique

Après le feu du portrait, la douceur déchirante d’un conte. Un film faussement mineur qui confirme le regard essentiel et puissant de Céline Sciamma.

 

En 1h12, Céline Sciamma réussit ce que des cinéastes s’évertuent à chercher des heures et des heures durant. PETITE MAMAN s’ouvre sur un plan sans pompe ni tour de force qui pourtant dit tout et va nous hanter tout le film. Une femme âgée fait des mots-croisés. Elle réfléchit, regarde dans le vide. Sciamma filme ce visage ridé et souriant. Soudain dans un raccord, plan serré sur une main qui écrit, la caméra se recule et dévoile une petite fille. C’est elle qui écrit, à côté. Ce corps chimérique entre la vieillesse et la jeunesse, rassemblé par le féminin, ce curieux passage du temps, c’est tout le propos bouleversant de cette histoire de deuil pleine de vie. Délicatement, Sciamma cadre, coupe, monte et va à rebours du temps. Pas besoin d’effets grandioses, puisque son cinéma a décidé de toucher au cœur, à l’intime, là où quelque chose d’hier est encore tapi en nous. Dans les pas de cette petite fille qui se promène dans le dédale d’une maison que l’on vide, dans les couloirs du temps, Sciamma ravive le merveilleux de l’enfance, la grandeur des choses banales qu’on ne comprenait pas forcément, la douceur du jeu et le besoin de l’étreinte. Tendre, le film dégoupille en nous une grenade émotionnelle en cherchant constamment à laisser nos sensations d’hier envahir le film. Les larmes montent, on ne saurait vraiment dire pourquoi. Un tour de magie proustien, une madeleine de cinéma.

De Céline Sciamma. Avec Joséphine Sanz, Gabrielle Sanz, Nina Meurisse. France. 1h12. En salles le 2 juin

4Etoiles

 

 

 

 

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