LA REINE DES NEIGES : chronique

04-12-2013 - 12:27 - Par

Pour notre plus grand plaisir, Disney sort l’attirail du « film de Noël » et livre une comédie musicale féérique. Un essentiel de cette fin d’année.

L’an dernier, LES MONDES DE RALPH, trop « pixarien », ne remplissait que moyennement le cahier des charges d’un Disney, en sacrifiant la magie sur l’autel du décalage et de la référence pop. Or, un dessin animé Disney, d’autant plus quand il sort à la veille des fêtes, se doit d’être l’un des derniers bastions de la féérie et du cinéma familial. C’est ce qu’est LA REINE DES NEIGES : un Disney de Noël, dans tout ce qu’il convoque de rêves d’enfance et de générosité. Comme RAIPONCE ou LA PRINCESSE ET LA GRENOUILLE, il est d’une modernité louable : on y suit deux sœurs inséparables, Anna et Elsa, princesses du royaume d’Arendelle. Elsa est malheureusement dotée d’un puissant pouvoir : lors d’intenses moments d’émotion, elle transforme tout ce qu’elle touche en glace. Un jour d’amusement, elle blesse Anna gravement. Depuis, elle vit recluse dans sa chambre, loin de sa sœur. Le jour où elle est couronnée reine, le peuple découvre ses dangereuses aptitudes et Elsa plonge Arendelle dans l’hiver éternel. Accusée de sorcellerie, elle doit fuir. Avec l’aide de Kristoff, tailleur de glace, et son rêne Sven, Anna part alors à ses trousses. Foncièrement féminin et au mépris de la dimension cucul romantique du conte de fées (Le bisou ! Le bisou !), LA REINE DES NEIGES déroule d’abord une bouleversante et universelle histoire familiale, quand l’injustice et la solitude s’invitent dans les liens du sang. Ensuite, bien sûr, le film use des codes habituels (sidekicks hilarants, situations saugrenues, comique de répétition…) pour s’assurer le classicisme qu’on attend, rétrogrades que nous sommes, d’un dessin animé Disney. Le spectateur est-il en terrain connu pour autant ? Pas forcément. Car LA REINE DES NEIGES, qui s’ouvre sur une chanson pour annoncer la couleur, est une vraie comédie musicale dans la plus pure tradition de Broadway (la musique est signée notamment Robert Lopez, à qui l’on doit les musicals « The Book of Mormon » et « Avenue Q »), ce qui pourra désarçonner ceux qui ne sont pas « éduqués » à cette culture anglo-saxonne. Le film est ainsi rythmé par de grandes envolées musicales (avec, en chanson phare, un tube en puissance, « Let It Go ») en guise de dialogues. C’est un pur spectacle, lyrique par sa démesure, grand dans ses nobles sentiments, qui s’offre à nous. On notera tout de même que les interludes musicaux deviennent plus épars à mesure que le récit sombre dans la tragédie, comme si l’ambition cédait à la frilosité. Un petit manque de rigueur qu’on remarque également dans l’animation des seconds plans, puisque les personnages « du fond », ceux qu’on n’est pas censé regarder, pâtissent d’un statisme effarant et leurs costumes d’une platitude décevante. Un moindre mal face à un beau moment de fous rires et de larmes.

De Chris Buck. Avec les voix originales de Kristen Bell, Josh Gad, Idina Menzel. États-Unis. 1h45. Sortie le 4 décembre

 

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