HOW I LIVE NOW : chronique

12-03-2014 - 09:42 - Par

En adaptant un roman pour ados, le réalisateur du DERNIER ROI D’ÉCOSSE filme la guerre à hauteur d’enfants. Inégal mais très honorable.

Daisy, New-Yorkaise de 15 ans, passe pour la première fois ses vacances chez ses cousins dans la campagne anglaise lorsqu’éclate la Troisième Guerre mondiale… On ne pourra reprocher à Kevin Macdonald de bégayer. Outre d’excellents documentaires (LA MORT SUSPENDUE, UN JOUR EN SEPTEMBRE…), il affiche une filmo de fictions éclectiques (LE DERNIER ROI D’ÉCOSSE, JEUX DE POUVOIR, L’AIGLE DE LA NEUVIÈME LÉGION). Point commun de tous ses projets: une dose sous-jacente de politique et de petite histoire dans la Grande. Avec HOW I LIVE NOW, il se lance encore dans un nouveau genre – une adaptation d’un roman pour ados de Meg Rosoff– et comme souvent, filme la politique en arrière-plan: jamais ne connaîtrons-nous les raisons de cette guerre ou l’identité des ennemis du Royaume-Uni. Tout juste voit-on quelques écrans télé annoncer le début des troubles ou des avions de chasse zébrer le ciel. Une fois le conflit déclaré, pas de combats, mais de fugaces escarmouches. Et surtout, une superbe scène d’explosion nucléaire où Macdonald filme uniquement les conséquences, observées par les protagonistes. HOW I LIVE NOW demeure ainsi un regard à hauteur d’enfants, une vision subjective dont le cadre s’élargit rarement. C’est là tout l’intérêt, un peu comme celui de 28 JOURS PLUS TARD, qui revisitait l’apocalypse zombie sur un mode intimiste. Bien sûr, HOW I LIVE NOW ne se hisse pas à ce niveau mais l’écriture, soignée – le script est cosigné Tony Grisoni, auteur de RED RIDING et SOUTHCLIFFE–, offre quelques puissants moments de cinéma. Parmi eux, un enrôlement de force, séquence dans laquelle Macdonald observe la manière dont chaque guerre engendre des comportements immuables, ou une scène, terrible, de découverte de charnier. Grâce à ces pics, HOW I LIVE NOW s’élève au-dessus de beaucoup d’adaptations de romans pour ados, se permet une dureté sans concession et ose prendre des directions surprenantes. Une rigueur qui ne tient pas toujours : les personnages demeurent des archétypes que le scénario pousse peu hors des sentiers battus, la voix off apparaît inutile et envahissante, quelques plans convoquent une esthétique publicitaire. Pire, la romance au centre de l’histoire semble parfois bien fade – alors qu’elle constitue le moteur du récit. Pourtant, elle aboutit paradoxalement à un troisième acte logique et satisfaisant, finissant de faire de HOW I LIVE NOW un film plus qu’honorable, aux intentions honnêtes et à l’exécution solide.

De Kevin Macdonald. Avec Saoirse Ronan, George Mackay, Tom Holland. Grande-Bretagne. 1h46. Sortie le 12 mars.

 

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