AMERICAN NIGHTMARE 2 : ANARCHY : chronique

23-07-2014 - 12:23 - Par

Cette suite a beau élargir le point de vue de l’original, elle n’en reste pas moins terriblement maladroite, voire bien trop sage.

Voilà un an, James DeMonaco dévoilait AMERICAN NIGHTMARE, film d’anticipation se penchant sur une Amérique qui, une nuit par an, dépénalise tous les crimes afin de permettre à la population de « se purifier ». Le souci ? La façon dont son propos se retournait contre lui –les protagonistes devaient leur survie en partie à… leurs armes. Pourtant, le postulat de départ, fort et pertinent, a tout pour séduire. On attendait donc que AMERICAN NIGHTMARE 2: ANARCHY vienne corriger le tir. Le premier acte est réjouissant : le cinéaste pose sa caméra sur divers personnages – un jeune couple, une quadragénaire vivotant avec son père et sa fille, un mystérieux homme décidé à « purger »– assurant à ANARCHY une multiplicité des points de vue et un regard plus fouillé. DeMonaco observe les différentes forces en présence – les citoyens lambda n’ayant que faire de la Purge, les populations pauvres, à la fois premiers bourreaux et premières victimes, ceux usant de cette nuit pour se faire justice eux-mêmes – et rappelle qu’elles sont toutes les jouets d’un régime qui les utilise. Le réalisateur pousse encore plus clairement ANARCHY vers l’anticipation, via les « Nouveaux Pères Fondateurs » (sic !), créateurs de la Purge apparaissant omniscients sur des écrans géants. Malheureusement, ANARCHY retombe vite dans les travers de son prédécesseur : dès que les personnages se rejoignent en un seul groupe, le film redevient binaire et manichéen – les « gentils » protagonistes contre les « méchants » purgeurs. D’excellentes idées parsèment le récit – les riches se servant de la Purge comme d’un divertissement malsain à la RUNNING MAN – tout comme quelques images iconiques. Le personnage campé par Frank Grillo, Punisher mû par son chagrin, rappelle à quel point l’acteur aurait été formidable dans le remake du JUSTICIER DANS LA VILLE que devait réaliser Joe Carnahan. Mais DeMonaco ne tire pas grand-chose de tout cela : ANARCHY ne se révèle jamais oppressant ou choquant – un comble – comme si, tiré vers le bas par ses velléités commerciales, il s’empêchait d’être vraiment subversif. Si bien que son propos politique – la marchandisation de l’être humain, le droit à « purger » comme illusion consumériste et comme illustration du droit constitutionnel au port d’armes–, finit par avoir des relents parodiques mal maîtrisés. Quant à celui sur le pardon comme seul moyen de rédemption, il apparaît trop sentimentaliste. Comme pour le premier volet, est tapi ici un grand film âpre et abrasif, dont l’éclosion n’arrive jamais. Surviendra-t-elle avec AMERICAN NIGHTMARE 3 ?

De James DeMonaco. Avec Frank Grillo, Zach Gilford, Zoë Soul. États-Unis. 1h40. SORTIE LE 23 JUILLET

 

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