LES GARDIENS DE LA GALAXIE : chronique

13-08-2014 - 10:17 - Par

Sans tête d’affiche et en s’appuyant sur un comic book que pas grande monde ne connaît, Marvel livre l’un des meilleurs opus de sa filmographie. Voire LE.

Le divorce entre Marvel et Edgar Wright concernant ANT-MAN avait jeté un froid : et si Marvel et Disney n’avaient vraiment aucun humour ? Et s’ils étaient tellement obsédés par la cohérence du MCU que tous les films devaient rentrer au forceps dans le même moule et devenir impersonnels et un peu chiants ? C’est qu’on tournait en rond ces quelques dernières années. Le jeu de ping-pong entre Iron Man, Thor et Captain America (et dans une moindre mesure Nick Fury, l’Agent Coulson et Black Widow) devenait légèrement lassant. Alors oui, « CAPTAIN AMERICA 2 est mieux que le premier », « THOR 2, ce n’est pas terrible » et puis « on a qu’à faire un flop des scènes post-génériques »… Dans le lot des discussions qui tournent en rond, on déplorait le départ des auteurs (Jon Favreau, Kenneth Branagh, Edgar Wright donc) en attendant les films plus « originaux » – dans le sens le plus commun du terme. ANT-MAN en étant là où il en est – c’est à dire quelque part entre notre bucket list (on veut absolument le voir avant de mourir) et notre liste noire (plutôt mourir que de voir ça) –, LES GARDIENS DE LA GALAXIE cristallisait les quelques espoirs qu’on nourrissait encore pour Marvel. Et enfin tout s’éclaire.

Loin d’être un modèle d’écriture, les enjeux du scénario sont à peu près nuls (il s’agit de sauver la galaxie de l’utilisation malfaisante d’un Orb – un objet surpuissant entre le Tesseract d’AVENGERS et le AllSpark de TRANSFORMERS) et d’ailleurs, il ne faut pas une demi-heure pour démasquer la supercherie : James Gunn les trouvent nuls aussi. Ça ne l’intéresse pas. Ils sont juste très pratiques pour introduire de nouveaux personnages dans un bestiaire qui s’essoufflait. Confrontés à la mission ultime (sauver le monde, donc), ces derniers sont obligés de révéler leur vrai caractère, de dévoiler leur vraie force, de choisir un camp, de définir qui sont leurs amis et leurs ennemis, de proclamer leur héroïsme. À la fin des GARDIENS, vous pourriez démarrer votre propre wiki.  Oui, mais on a beau analyser et comprendre le système Marvel et espérer dire « Ça ne prend pas ! », LES GARDIENS DE LA GALAXIE est un film tellement aimable qu’il est désarmant. James Gunn a convoqué l’esprit des films familiaux des années 80 (INDIANA JONES et STAR WARS planent, bienveillants) et a fait de son film un crowd pleaser. Un vrai. Il y a une bande-son de tubes vieux de 30 ans oubliés ou mal-aimés (il y a aussi de vrais hits, hein), il y a la sacralisation d’un héros orphelin qui lance des vannes que personne ne comprend autour de lui, il y a une héroïne qui a des problèmes paternels. Il y a un raton laveur qui défouraille et un arbre qui parle. Que pouvait faire James Gunn à part y croire mordicus et y mettre du cœur ? Le succès du film n’était pas gagné d’avance. Lui, c’est un ancien de TROMA. Les space operas ? C’est clivant. 50% des spectateurs vont trouver ça complètement ridicule de toute façon. Alors quand on est un outsider, un misfit, dans une branche de winners (Marvel), on redouble de générosité pour se faire aimer. LES GARDIENS DE LA GALAXIE a donc une énergie extrêmement positive, un humour assez classe (même quand les blagues rasent les pâquerettes), et des moments d’émotion totalement bouleversants – on note d’ailleurs que Dave Bautista, assez subtil dans le rôle de Drax le Destructeur, peut rapidement vous tirer des larmes.

Forcément, LES GARDIENS DE LA GALAXIE est un film à part dans le MCU. Par son ton, sa gaîté, et même sa dimension cinéphile. Pourtant tous les codes Marvel sont respectés. On peut aisément relier le film à la phase 3 du MCU, car on est en terrain balisé et familier. Et si l’on s’amuse à lister les « easter eggs » on réalise que c’est peut-être même l’un des longs-métrages de la marque le plus pointu et le plus nerd. Comme quoi, on peut faire partie d’un système bien huilé et essayer d’en être le trublion : c’est la méthode James Gunn pour livrer le meilleur film Marvel à ce jour.

De James Gunn. Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista. États-Unis. 2h01. Sortie le 13 août

 

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