INSTINCT DE SURVIE : chronique

11-07-2016 - 20:01 - Par

INSTINCT DE SURVIE : chronique

Amusant, efficace, ce survival finit par être trahi par son manque de moyens. Mais impose la seule, l’unique Blake Lively, comme une grande leading woman.

Shallows-PosterOn ne vante pas suffisamment les talents d’actrices de Blake Lively. C’est en revoyant drastiquement à la baisse le nombre de ses apparitions à l’écran et à la hausse ses ambitions artistiques qu’elle a rendu sa présence événementielle et ses prestations captivantes. Aujourd’hui, son incroyable sourire et son capital sympathie qui crève le plafond ne sont plus les seules raisons pour lesquelles on se jette sur ses films. On raffole de ce naturel incroyable, de ce jeu plein d’aisance, de cette manière dont elle tient un film avec une classe et une foi inouïes. Même dans un summer flick, tout beach et bikini, Blake Lively en impose et c’est grâce à elle qu’INSTINCT DE SURVIE est plutôt une partie de plaisir.

Elle joue Nancy, une étudiante en médecine en pleine crise de vocation depuis que sa maman est décédée d’un cancer. En pèlerinage sur la plage mexicaine où cette dernière surfait étant jeune, Nancy part à la conquête des vagues. Elle part seule, d’ailleurs, car la copine avec qui elle est venue jusqu’au Mexique cuve toujours ses cocktails. Ce bout de paradis, connu exclusivement des locaux, est si isolé que personne n’entendrait Nancy crier si Nancy criait. Or, alors qu’elle tient une lose d’enfer, Nancy se fait un dernier tube pour se remettre les idées d’aplomb. Et c’est là qu’elle est attaquée par un requin. Impossible de rejoindre la rive, car la bête fait barrage. Notre jeune Américaine, une cuisse salement amochée, se retrouve piégée sur un rocher.

Shallows-PicHigh concept quelque part entre PHONE GAME et 127 HEURES, INSTINCT DE SURVIE se tient étrangement bien. Non seulement parce que Blake Lively joue avec un sérieux désarmant, mais aussi parce que, une fois la première demi-heure d’exposition passée (où scènes de surf et scènes d’atermoiement émotionnel se succèdent), Jaume Collet-Serra emballe son survival dans une grosse dose de fun, un rythme soutenu et parvient toujours à renouveler l’intérêt du spectateur, tout en respectant les contraintes d’unité de lieu, de temps et d’action. Ça aurait pu tourner en rond mais INSTINCT DE SURVIE est un huis clos (en plein air) d’aventures ultra efficace, avec pour toute héroïne, un personnage féminin méchamment badass doublé d’une sacrée scream queen. Qu’il s’agisse des fluctuations de marée mettant plus ou moins en danger notre surfeuse sur son îlot, des sutures faites maison qui vous font tourner de l’œil ou des aventures parallèles d’une mouette photobomb-euse, le film est foisonnant de petites actions et pourtant ramassé et nerveux. Il vous met sous tension et ne vous lâche plus. L’exercice de style est réussi, d’autant que souvent, le réalisateur, qui fait du Liam Neeson movie (SANS IDENTITÉ, NON STOP, NIGHT RUN) comme on enfile les perles, épate par un choix d’angle ou de focale, ce qui enrichit clairement la narration de ce survival au postulat assez trivial.

Et heureusement qu’il y a cette intelligence de réalisation et de langage. Car INSTINCT DE SURVIE est totalement fauché. Il n’y a qu’à voir la pauvreté des incrustations du visage de Lively sur le corps d’une surfeuse professionnelle pour comprendre que ce n’est pas sur les SFX que Collet-Serra a décidé de miser. Et que dire de cette fin complètement démissionnaire ? Alors que le film était tenu et solide, le dénouement est à la portée de n’importe quel nanar de NT1. INSTINCT DE SURVIE capitalise sur son cool. C’est souvent le souci des films conceptuels : à les croire, un seul argument de vente devrait absoudre tous les laisser-aller.

De Jaume Collet-Serra. Avec Blake Lively, Angelo Lozano Corzo, Jose Manuel Trujillo Salas. États-Unis. 1h27. Sortie le 17 août

3Etoiles

 

 

 

 

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