MR WOLFF : chronique

31-10-2016 - 14:44 - Par

MR WOLFF : chronique

Thriller vintage et brutal, aussi incongru qu’anachronique, MR WOLFF confirme le regard singulier de Gavin O’Connor.

wolff-posterComptable atteint du syndrome d’Asperger, Christian Wolff (Ben Affleck) met ses talents au service d’entreprises mais aussi de diverses mafias. Alors qu’il est chargé de déceler un trou dans les comptes d’une multinationale, les autorités s’intéressent à ses activités illégales sans se douter qu’il n’est pas qu’un simple comptable… Ces dix dernières années, Gavin O’Connor a démontré le pire avec LE PRIX DE LA LOYAUTÉ mais surtout le meilleur avec le classique instantané WARRIOR, jusqu’à exceller dans des exercices ne valorisant guère les réalisateurs – le pilote de série de network (THE AMERICANS) et le sauvetage d’un projet développé par d’autres (JANE GOT A GUN). O’Connor est un artisan, luttant pour imposer au système des projets qu’il rechigne à financer. Il faut dire que le réalisateur n’aime rien tant qu’aller à contre-courant des recettes et des tendances. MR WOLFF enfonce le clou : on le croirait sorti du début des 90’s ou inspiré d’un roman vintage de Ludlum ou Grisham. Ne pas croire pour autant qu’être anachronique joue en sa défaveur. O’Connor trousse un divertissement mainstream comme on en voit de moins en moins: tout en attitude laid-back et en personnalité mal dégrossie, MR WOLFF s’appréhende patiemment, au fil d’un portrait jouant sur la non linéarité et une mise en images très solide enserrant Ben Affleck dans une multitude de cadres dans le cadre. Il est très rafraîchissant de voir un thriller dont les personnages sont autant les moteurs du film que l’intrigue elle-même et dont le scénario prend son temps pour construire ses protagonistes, brouiller les pistes, ménager les rebondissements, sans répondre à un cahier des charges trop prévisible ou à une fréquence de moments de bravoure métronomique. MR WOLFF justifie chacune de ses scènes d’action – qui, bonus, racontent quelque chose. Jouant sur un certain décalage qu’il ne maîtrise peut-être pas toujours complètement, MR WOLFF apparaît un poil foutraque, voire franchement incongru. Mais Gavin O’Connor semble en avoir parfaitement conscience – dans une scène pilier, un bad guy lance un « What the fuck !? » illustrant à merveille la réaction du spectateur devant la rupture de ton proposée à l’écran. Le plus gros risque que prend MR WOLFF – et probable source de rejet– réside sans doute là, dans sa façon de proposer un cocktail d’action et de sentimentalisme, de déjà- vu et d’inédit, de classicisme et de modernité, le tout sans la moindre once de second degré ou d’ironie. La mayonnaise a beau monter de manière un peu branque, elle possède un charme indéniable.

De Gavin O’Connor. Avec Ben Affleck, Anna Kendrick, J.K. Simmons. États-Unis. 2 h 10. Sortie le 1er novembre

4Etoiles

 

 

 

 

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