LEGO BATMAN, LE FILM : chronique

07-02-2017 - 19:11 - Par

LEGO BATMAN, LE FILM : chronique

LEGO BATMAN pose un regard dense sur le héros DC et se révèle très amusant, bien qu’il n’ait pas la profondeur de propos de son aîné, LA GRANDE AVENTURE LEGO.

LegoBatman-PosterVoilà trois ans, Phil Lord et Chris Miller livraient leur GRANDE AVENTURE LEGO et faisaient d’un projet potentiellement cynique et mercantile une comédie survoltée à l’esthétique assurée, un grand divertissement aux saillies méta complexes et au message subversif. Au centre de cette GRANDE AVENTURE de sale gosse trônait un Lego Batman particulièrement réussi qui, par moments, cannibalisait presque le film en volant la vedette à ses véritables héros. Il n’aura évidemment pas fallu longtemps pour que Warner et Lego donnent suite et offrent au héros DC sa propre aventure en solo. Lord & Miller, impliqués uniquement à la production via leur position de ‘cerveaux’ du Warner Animation Group (le WAG, cf Cinemateaser n°58), laissent leur place à la réalisation à Chris McKay – un ancien de ROBOT CHICKEN qui, sur LA GRANDE AVENTURE, avait codirigé l’animation et l’avait plus globalement supervisée. McKay assure les passerelles esthétiques avec le film de Lord & Miller en embrassant une effusion d’images et de sons que ne renierait pas Michael Bay. LEGO BATMAN démarre à toute blinde et, telle une tornade, ne s’arrête quasiment jamais. Une mécanique de rouleau compresseur qui, contrairement à celle de LA GRANDE AVENTURE, n’est toutefois pas toujours maîtrisée – parce que McKay apparaît parfois incapable de canaliser le débordement d’énergie de son film, le rythme se fait poussif par moments. Un ventre mou s’installe au centre du film et le récit peine à retenir l’attention, pour reprendre du poil de la bête dans son dernier tiers, lorsque les enjeux sont enfin pleinement traités. Voilà tout le paradoxe : quand Lord & Miller sur LA GRANDE AVENTURE ou Nicholas Stoller sur CIGOGNES & CIE ne perdent jamais de vue leur cap narratif et émotionnel dans l’avalanche de gags, LEGO BATMAN perd parfois en force dans ses élans comiques. Pourtant, ces mêmes élans sont souvent remarquables. LEGO BATMAN regorge de gags visuels malins, de délires sonores puérils (‘Piou ! Piou ! Piou !’), de vannes subtiles ou franchement débiles. Il est aussi un édifice méta réussi qui étudie d’un côté le Justicier de Gotham en lui-même – le vilain et les sidekicks définissent-ils le héros ? – et de l’autre la représentation qu’en a fait la télé et le cinéma depuis sa création. LEGO BATMAN joue malicieusement avec ce que le public connaît du personnage et de son univers, jusqu’à reprendre des éléments directement tirés des précédents films – avec ses ponts et son fleuve en centre ville, Gotham renvoie au Chicago utilisé par Nolan comme décor pour THE DARK KNIGHT, par exemple. Une richesse référentielle qui permettra sans doute au film de supporter plusieurs visions mais qui ne fait pas oublier qu’en dépit de ses qualités et de son efficacité globale, LEGO BATMAN n’a pas la profondeur de propos de LA GRANDE AVENTURE – et encore moins ses élans subversifs. Pas un défaut à proprement parler, juste une différence évidente d’ambition par rapport à son aîné.

De Chris McKay. Avec les voix originales de Will Arnett, Rosario Dawson, Michael Cera, Zach Galifianakis. États-Unis. 1h45. Sortie le 8 février

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