A CURE FOR LIFE : chronique

14-02-2017 - 12:51 - Par

A CURE FOR LIFE : chronique

Même si la dernière demi-heure déraille, A CURE FOR LIFE est une proposition de cinéma jusqu’au-boutiste souvent fascinante.

CureForLife-PosterAvec LONE RANGER, Gore Verbinski avait essuyé l’un des pires échecs commerciaux et critiques de sa carrière. D’aucuns se seraient carapatés dans un coin, fait acte de contrition, puis concocté un film suivant plus humble et discret. Avec A CURE FOR LIFE, le cinéaste revient avec un thriller d’horreur volontairement lent et bavard, refusant tout confort à son spectateur, de près de 2h30 et sans star au générique. On repassera pour l’humilité et la contrition. Tant mieux. Après tout, pourquoi à une époque où l’on déplore parfois que Hollywood ne laisse plus assez de place aux visions des réalisateurs, reprocherait-on à Verbinski d’asséner la sienne ? A CURE FOR LIFE débute par une mort – celle d’un ponte d’une société financière de New York. Quelques jours plus tard, Lockhart (Dane DeHaan), jeune loup de la firme en question, remplace le décédé. Le conseil d’administration lui confie alors une mission : se rendre dans un luxueux spa suisse et ramener aux États-Unis leur grand patron qui, visiblement, aurait décidé de ne jamais revenir de sa retraite dans les Alpes. Sur place, Lockhart se heurte au personnel du spa et se retrouve lui aussi bloqué sur les lieux… Avant toute chose, A CURE FOR LIFE brille par la manière dont Verbinski avance ses pions. Le réalisateur bâtit un mystère captivant par la grâce d’une mise en scène redoutable de minutie. Fort de ses décors rétro (et rétro futuristes pour certains), A CURE FOR LIFE s’impose comme une réflexion passionnante sur l’artificialité comme outil narratif. Verbinski construit une hyper réalité où certains sons et certaines lumières n’ont aucun fondement tangible, infusant une étrangeté diffuse, digérée presque inconsciemment par le public. Peu à peu, le mystère prend le pouvoir à l’image – un décadrage, une hallucination, une apparition savamment mise en scène etc. Verbinski confronte le public à la puissance de la sur esthétisation et fait de A CURE FOR LIFE une splendeur visuelle de chaque instant – un fruit lentement dévoré par un ver sournois. Comme si A CURE FOR LIFE cherchait par moments à être un JOUR SANS FIN horrifique, le script joue de redondance. Les scènes d’apparence triviale se répètent, sans être jamais vraiment les mêmes, comme si tout pourrissait lentement sur place, comme si tout s’écroulait au ralenti. Refusant tout confort au spectateur, Verbinski multiplie les silences, les images cradingues, les élans malaisants. Une maîtrise telle une poigne de fer, qu’il relâche (volontairement, pour parachever l’écroulement mis en scène pendant deux heures ?) dans la dernière demi-heure. La résolution du mystère se révèle poussive et dilue le propos jusqu’au nébuleux. Reste que, même dans ses excès finaux et ses saillies de female gothic érotico-gore, A CURE FOR LIFE fait preuve d’un jusqu’au-boutisme attendrissant. Verbinski mène sa proposition à son terme, sans s’excuser, sans rechercher l’aval du bon goût.

De Gore Verbinski. Avec Dane DeHaan, Mia Goth, Jason Isaacs. États-Unis. 2h27. Sortie le 15 février

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