Pas déplaisant, notamment grâce à ses interprètes, GOLD reste un ‘rise and fall’ à l’écriture très balisée.
Prospecteur comme l’étaient son père et son grand-père avant lui, Kenny Wells (Matthew McConaughey, enlaidi et empâté) espère un jour tomber sur la mine d’or qui fera de lui une légende. Après un rêve qu’il croit prémonitoire et sur les conseils de Michael Acosta (Edgar Ramírez), un géologue reconnu, il investit sur un supposé filon au cœur de la jungle indonésienne. Les premières extractions sont pétries d’or. Le marché s’emballe, Kenny et Michael deviennent richissimes… « On vend une histoire », lance un personnage au beau milieu de GOLD. Vendre une histoire, c’est justement ce que fait le nouveau film de Stephen Gaghan : annoncé comme « inspiré de faits réels », il enjolive la réalité et crée de toutes pièces le personnage de Kenny Wells, rêveur romantique, prospecteur cherchant l’or pour le frisson et l’honneur plus que pour l’argent – là où David Walsh, au centre du véritable scandale qui inspire GOLD, était un businessman canadien spécialiste des penny stocks. Là réside peut-être ce qui ronge GOLD de l’intérieur : remodeler la réalité ne pose pas véritablement problème, si tant est que cela serve, par exemple, une nécessaire simplification narrative – condenser plusieurs personnages en un, comme dans LARRY FLINT ou TRAQUE À BOSTON. Dans le cas de GOLD, la transformation radicale de l’identité des personnages semble avoir pour vocation première de rendre cette histoire plus romanesque et romantique qu’elle ne l’est, et de la faire coller davantage au schéma classique du ‘rise and fall’. Malheureusement, GOLD peine à convaincre pleinement dans ce genre très précis tant il suit parfois à la lettre ses modèles (Martin Scorsese, des AFFRANCHIS au LOUP DE WALL STREET, est ici une influence patente) et tant le récit apparaît balisé de passages obligés maladroits – l’argent qui entraîne luxe, sexe et éloignement de l’épouse, pour n’en citer qu’un. Un manque d’aspérités d’autant plus surprenant que Stephen Gaghan, qui revient ici à la réalisation cinéma plus de dix ans après SYRIANA, met en image de manière sage et fonctionnelle le scénario d’autres auteurs alors que lui-même écrivait par le passé des scripts bien plus fouillés et convaincants –confer TRAFFIC. Si bien que GOLD semble ne pas croire totalement à ce qu’il raconte et manque d’élan. Dommage car un pan du film, sous-exploité, intrigue: l’amitié étrange, contrariée et cruelle qui unit Wells à Acosta. Le cœur du film est là, vibrant, bien servi par de formidables interprétations de McConaughey et Ramírez. Ils offrent à GOLD ses meilleurs moments et permet au film de conserver attrait et efficacité.
De Stephen Gaghan. Avec Matthew McConaughey, Bryce Dallas Howard, Edgar Ramírez. États-Unis. 2h. Sortie le 19 avril
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